• Tongs au placard ou anné de riz supplementaire ? That's the question!

    Bonjour à tous!

    Je m'étais pourtant promis : des articles plus courts mais plus réguliers! Mais tout simplement je n'y arrive pas. Le temps défile, défile, il court même alors voilà on est déjà mi février et mon article arrive seulement maintenant et je ne suis pas sure de faire mieux pour les prochains. Mea culpa!

    Avant toute chose, je tiens à vous faire part d’un projet qui me tient beaucoup à cœur. Je vous en avais déjà un petit peu parler dans mon article précédant. Je souhaite emmener les enfants karens du centre de Mae na jorn (là où j ai fait mon immersion en septembre) en week-end à Chiang Mai. L’idée est qu’ils passent un week-end inoubliable, de les ouvrir sur d’autres choses et de les motiver quant à leurs études. J’aimerai les emmener au zoo, au cinéma, aux sources d’eau chaude et qu’ils rencontrent des étudiants de Chiang Mai. Pour que ce projet puisse aboutir, je dois récolter 1500 euros. Pour plus d’informations, vous pouvez lire l’article : projet week-end Chiang Mai pour les enfants karens de Mae Na jorn. Si le projet vous intéresse, vous pouvez dès maintenant faire un don en ligne, les dons sont défiscalisés entre 66 et 75% : https://donner.enfantsdumekong.com/a?cid=8. Merci beaucoup !

     Enfants du foyer de Mae na jorn

    Comme je le vous disais un peu plus haut, le temps ici passe à une allure...pourtant en Asie on prend le temps...je sais c'est complètement paradoxal! Vous méritez bien une petite explication. Ici, on prend le temps d'attendre (oui on attend beaucoup : les gens, le bus, les infos...), d'observer, de discuter, de se connaître.... Je ne saurai compter les jours où je prévois de faire pleins de choses et arrivé 18 heures (je vous rappelle ici on se lève tôt, on se couche tôt), c'est la fin de la journée et tout s'accélère encore plus et ca y est la journée et passée. Alors voilà, début février, tous les bambous (je ne présente plus le terme) ont reçu le même mail : "Que pensez-vous d'une seconde année avec Enfants du Mekong ?". Là, mon cœur s'emballe. Je réalise vraiment : ca fait 6 mois que je suis là ! Ca y est, j'ai fait la moitié de ma mission. Je le savais très bien, mais là ca se concrétise, enfin, un peu. Ce n'est pas une question facile. Ai-je envie de mettre mes tongs au placard ou ai je envie de manger du riz encore pendant un an ? Un bilan de mi année s’impose !

    Il y a d'abord tous les moments magiques et inoubliables vécus ici. Je vous en ai déjà rapporté quelques uns et je profite de cet article pour vous raconter mon voyage au bout du monde. Allez au bout du monde, ce n'est pas forcement aller à des milliers de kilomètres de chez soi. Allez au bout du monde, c'est se sentir au bout du monde. Il faut qu'il y ait quand même un petit voyage, un déplacement, même minime mais il faut qu'il existe. Certains peuvent se sentir au bout du monde à quelques kilomètres de chez eux. Mais se sentir au bout du monde ca doit rester un événement rare. On peut être étonné tous les jours de ce que l'on voit mais se sentir au bout du monde c'est différent. C'est un moment exceptionnel, unique! J'ai eu cette agréable sensation deux fois dans ma vie : En Inde, dans le désert à la frontière du Pakistan et ici dans les montagnes thaï. J'étais donc dans les montagnes chez les karens (une minorité ethnique), je m'apprêtais à passer 4 jours au centre avec les enfants, comme d'habitude. Je discute avec le père, lui dit que j'aimerai bien la prochaine fois rencontrer les familles des enfants dans les villages. Ni une ni deux, il m'a pris aux mots. Je pars dans une heure dans un village, Clem (oui ce père m'appelle Clem, je ne sais pas trop pourquoi, mais j’aime bien, ca me rappelle un peu la France) « Bpei mai ? » (tu viens) Moi : "Bpei, bpei". On remplit la voiture de tout un tas de trucs : couvertures polaires (je vous rappelle, l hiver la nuit dans les montagnes ca caille), des pulls, des ours en peluches, casseroles, assiettes, kanoms (du thaï snacks)...on embarque : le père, le catéchiste à l'avant, 3 sœurs et moi à l'arrière, le frère et le prof dans la cabine pick up (apparemment c’est le nom pour l’arrière d’un pick up). Le père me dit :"tu verras c'est un village très loin". Je réagis à peine, ici la notion de distance n'est pas vraiment la même que chez nous. Très loin ca ne veut pas forcement dire très loin, parfois c’est simplement quelques kilomètres. HONTE A MOI! Ici il ne faut pas avoir des idées toutes faites. Je le sais pourtant, mais c'est plus fort que moi. Cette fois, « très loin », ca voulait quand même dire 4-5 heures de route dans un pick up blindé dont 2-3 heures de piste de montagne avec la musique à fond! Ce dernier point est d'ailleurs important. Nous avons d'abord eu le droit à 3 heures de musique thaï, genre pop/dance/karaoké, un classique.  Puis une petite surprise, un final : BRITNEY SPEARS! Alors la première chanson, j'avoue j'étais contente, parce que même si ca reste Britney ca change. Mais, là, on s'est tapé quand même tout le CD. Alors imaginez vous : un pick up blindé, des pistes de montagnes et Britney à fond les ballons! Le pire dans tout ca c'est qu'il a du mettre ca pour me faire plaisir. On part, bien sure au bout de 40 minutes on s’arrête. Quand on part en voyage en Thaïlande, on s’arrête tout le temps, la plupart du temps pour manger ou boire quelque chose. On mange bien sure, on fait une séance photo, puis on repart. Au bout d’à peine deux heures, on s’arrête à nouveau : c’est l’heure du snack, quoi de plus naturel! J’ai le droit à une sorte d’oasis orange en beaucoup plus sucré, je vous rassure. Puis quelques heures de route…et on arrive ! Le spectacle est magique. Le village se trouve sur le sommet d’une montagne. La lumière est exceptionnelle, le soleil se couche doucement. Le temps semble s’être arrêté. C’est apaisant, calme. Je vous laisse admirer le paysage.

    Tongs au placard ou une anné de riz supplementaire ? That's the question!

    Pendant la saison des pluies le village est d’ailleurs presque que complètement isolé puisque seulement les motos peuvent passer et encore je me demande comment. J’ai oublié de vous préciser, ce village est le village de plusieurs enfants du centre dont deux filleuls parrainés par Enfants du Mekong. Il n’y a pas l’électricité. Les maisons, en bois, sont assez jolies (ce qui est beaucoup mieux pour l’isolation que le bambou entre nous). Des porcs se baladent en liberté, des poules, des chiens aussi mais bon ca s’est un classique. Avoir des porcs c’est pas mal, ca veut dire qu’ils mangent de la « bonne » viande. Le village est petit, il n’y a pas de commerce, pas d’école, mais des femmes, des hommes, des enfants se baladent, discutent, rentrent des champs, prépare le riz, jouent… nous observent, m’observent. Ils sont beaux. De mon côté je ne sais pas vraiment ce que l’on va faire (mis à part rencontrer les familles des filleuls bien sur), mais je profite du moment. Je regarde, j’observe, j’immortalise ce moment. Je ne vais d’ailleurs pas être déçue. Nous sommes en fait là pour la veillée de Noël ! Oui nous sommes le 9 janvier et on va fêter Noël. En fait comme il y a beaucoup de village, le père n’avait pas eu le temps d’y célébrer la messe. Le village est moitié catholique, moitié bouddhiste. Ici comme je vous l’ai dit la religion a une importance tout autre qu’en France, alors on s’adapte. Les festivités commencent par une grande Loterie de Noël. Tout le monde a bien entendu le droit de participer : catholiques comme bouddhistes. Le principe est simple : tu achètes un ticket 10 baths (environ 25 cents) et tu reçois un numéro. Chaque numéro correspond à un lot plus ou moins gros : ca va de la polaire au sachet de kanoms. Encore une fois c’est magique, tellement drôle. Tous les habitants sont complètement à block ! Excitation générale ! On sourit, on rit, on s’agite, on court dans tous les sens. Mais il faut bien revenir à la réalité : toute bonne chose a une fin et il y a un moment où il n’y a plus de lot !

    Loterie de Noël en janvier!Au bout du monde!

    Je vous avais dit que les gens étaient beaux.

    Place à la suite, que va-t-on bien pouvoir faire ? hé, hé…ne me dites pas que vous n’avez d’idée…faites un effort…GIN KAO (manger du riz) of course! Et comme le père ne vient pas très souvent et bien il faut manger dans toutes les maisons du village où l’on est invité : ce soir ca sera 5 ou 6 fois et demain pour le petit déjeuner, une petite dizaine de fois. Tu dois manger au moins un peu dans chaque maison, ou au moins faire semblant, ca va de soit !

    GIN KAO

    La soirée se poursuit par la messe de Noël, puis on va se coucher. Bien évidemment, ils ne m’avaient pas vraiment prévenu qu’on restait dormir. J’avais quand même senti un peu le coup donc j’avais pris deux trois trucs. Mais bien sure, la nuit dans les maisons en bois, dans les montagnes : CA CAILLE ! Donc bref, je n’ai pas vraiment dormi, en fait j’avais l’impression d’être en Mongolie sous la tente il y a deux ans…souvenirs, souvenirs….Passons, le lendemain, on mange bien sure, puis petite messe (comme le père ne vient pas souvent, il faut rentabiliser le voyageJ) et hop hop on est reparti pour 4-5 heures de route. Cette fois pas de Britney, tout le monde est bien fatigué ! De retour au centre, il doit être 3-4 heures de l’après midi, les enfants sont encore à l’école. J’ai le droit à un petit gouter, façon française : toast-confiture ! Et à ma grande surprise, le père arrive avec un grand sourire, les bras chargé d’un petit cubi de vin rouge, appellation française, s’il vous plaît ! »D’où il sort ca ??? ». « Clem, celm, frensh wine ! »Bon alors le vin n’est plus très rouge mais plutôt gris-marron. Il a plus un goût de vinaigre que de vin. Mais je peux vous dire que je ne peux m’empêcher d’avoir un sourire figé pendant un temps, en fait une bonne dizaine de minutes je pense! Et puis comme en Asie, on profite de l’instant présent, de ce que l’on a maintenant et non pas de ce que l’on va avoir et bien j’ai eu le droit à du vin rouge pendant tout mon séjour (accompagné d’un petit shot d’alcool de riz of course). Je vous rassure, je suis partie deux jours après mais je dois vous avouer qu’on était bien en forme !

    Il y aussi les petits moments tout simple mais inattendu alors ca les rend vraiment sympa. Je suis en train de faire un film avec les étudiants de Chiang Mai. Le but étant de diffuser le film dans les villages, de montrer aux enfants pourquoi c’est important d’étudier, quel est la vie d’un étudiant, que font ils avec l’argent d’EDM et pourquoi c’est important d’écrire à son parrain. Alors voilà cet après midi, j’avais rendez vous chez Dusadee pour l’interviewer. Déjà c’était très drôle parce qu’elle avait préparé toutes les réponses. En plus elle se prêtait complètement au jeu,  la nouvelle Sandrine Quetier thaï est née, je vous le dit ! Le tout dans une ambiance de folie : sa colocataire et deux de ses copines étaient là. Puis elle me dit : « tu viens avec nous au marché ? » Et là, c’était super drôle : déjà j’ai découvert un nouveau marché super cool à Chiang Mai grâce à elle et puis j’avais le droit à toutes les explications. Là tu vois par exemple il y a pleins de savons, la c’est les crèmes…J’ai même eu le droit à un petit cadeau : un sachet de gras de porc séché ! Bref, un après midi tout simple mais canon !

    Dudsadee et ses potes!

    La Thaïlande c’est aussi le pays des bonnes blagues ! Vers le triangle d’or, ils sont spécialistes dans la matière. La plus commune est la suivante : imaginer une table, du riz, deux trois plats pour accompagner le riz, au milieu de ceux-ci un plat hyper épicé. Et là on vous montre le plat en question. « Celui là, il est super bon, promis il n’est pas épicé, tu dois gouter ». Vous savez parfaitement que le plat va « vous arracher la gueule » (pardonnez moi l’expression, mais c’est la plus représentative !). Là, tout le monde vous regarde, insiste : « may pet, may pet (pas épicé, pas épicé ». Bon en gros, vous êtes obligé de goûter le plat en question. Vous en prenez et la bien sûr : AHHHHHHHHHHHHHHHHH ! « any pet, pet mac mac ! » (celui là est épicé, très très épicé). Fou rire général! VOUS TROUVEZ CA MARRANT ? Ce qu’il y a d’encore plus drôle c’est de répéter la blague ! Mais on ne vous a pas dit quand vous étiez petit : LES BLAGUES LES PLUS COURTES SONT LES MEILLEURS !

    Wilay : la blagueuse à ma gauche!

    Il y a aussi la blague du chien ! Très marrante celle là !  Beaucoup de minorités ethniques mangent du chien, les Hmongs notamment, les thaï pas trop. J’étais toujours vers le triangle d’or (je vous avais dit qu’ils étaient comiques dans cette région), mais dans un autre centre, un centre où il y a pas mal de Hmong. On discute avec les enfants et Willay (Willay c’est une fille d’une vingtaine d’année qui a passé toute son enfance au centre et qui a demandé au père d’y rester pour y travailler. Elle est top, enfin…). Bref on parle de manger du chien ou non, un grand classique. Là elle m’embraque : « Game, bpei, bpei… » Je la suis. Elle me donne de la viande à manger. Dans ma tête je me dis, elle apprend à cuisiner, donc c’est juste de la viande. On vient de parler du chien donc ca ne peut pas être ca, ca serai trop gros quand même…NAÏVE QUE JE SUIS ! Je goute, ce n’est pas très tendre, un peu bizarre, pas horrible non plus…Bref vous l’aurez compris : C’est du chien ! Je recrache, éclat de rire. Un classique ! Sauf qu’au repas du soir, une heure après (je tiens à le préciser), j’ai eu la même blague, bon ca va j’ai joué une fois, ca va peut être aller là, non ? Je ne remangerai pas de votre chien ! En soit ca m’est un peu égal de manger du chien. C’est juste que ce n’est pas bon. Je sais pour vous c’est la meilleur viande au monde. Mais franchement ce n’est pas tendre du tout et puis s’il y a d’autres choses à manger je préfère éviter la bête.   Mais, quand on a une bonne blague on la fait durer. Et le lendemain soir : le même chien sur la table. Le père s’y met à nouveau. « Mange, allez mange. Ce n’est pas du chien, c’est juste de la viande ! » Mais il ne le dit pas une fois mais genre allez 4-5 fois, l’air de rien…Je vous le répète une bonne blague quand on la tient… Bon en même temps, il fût un temps où ma meilleur blague était de sonner à toutes les sonnettes en sortant de l’école tous les soirs et de partir en courant : les mêmes portes…tous les soirs de la semaine ! Je vous rassure c’était il y a quand même plusieurs années.

    Il y a un autre truc qui va me manquer ici. Vous avez remarquez que souvent  les trucs qui agacent le plus sur le moment à un endroit sont aussi les choses que l’on est amené à regretter. En France quand on rencontre quelqu’un, en chemin on lui dit d’abord « bonjour » puis on lui lance un « ca va ?». Ici c’est différent ! On garde le « Bonjour »-« Sawadika » on ajoute le wai. Le wai, nous n’avons pas vraiment d’équivalent. En gros tu joins les deux mains, suivant la personne à qui tu t’adresse tu les mets plus ou moins haut. Pour simplifier tu les mets entre le menton et le haut du nez. On s’en sert pour dire « bonjour » mais également pour remercier, dire au revoir… C’est une marque de respect, politesse. Puis vient, le  « BPEI NAY ? » / « Ou vas-tu ? ». Alors dès que je sors de la mission catho. J’ai le droit à un « BPEI NAY ???? » et ce même si je vais de ma chambre à un autre bâtiment. Franchement il y a des jours ou juste tu as envie de partir, de faire un truc sans en informer la planète ! Mais là où les Thaïs sont malins c’est qu’il y a une petite réponse très pratique, toute faite : »bpei tiao », en gros je vais quelque part !

    Il y a aussi tous les petites choses marrantes. Les petites choses marrantes, ça enveloppent beaucoup de choses ! Tu te balades  dans la rue et là ha bas tiens une fille avec un bonnet en forme de tigre. Là, à la gare, un type avec des chaussons avec une tête de lion. Là, un camion avec dessus une grosse maison en bambou et une dizaine de mecs tout sourire…Ou encore lorsque je rentre de programme dans les villages. Je suis dans le bus, crevée (les visites c’est assez intense), j’écoute ma musique tranquillou (pour notamment étouffer les bruits du karaoké) et là il y a un homme, la cinquantaine qui n’a qu’une envie, parler avec la « farang » (l’occidentale) du bus. Bon je suis quand même polie, je parle avec lui 10-20 minutes…je comprends un mot sur 4, bien sure…Et puis il y a un moment où je me dis que c’est bon j’ai été suffisamment polie et je peux réécouter ma musique tranquille. Lui en a décidé autrement. Alors  toutes 5 minutes, j’ai le droit à un petit coup de coude: là, il veut apprendre à compter en anglais, cinq minutes plus tard il m’offre un chewing-gum, cinq minutes d’après il me demande une petite dizaine de fois si je travaille bien pour une « NGO », puis si je veux boire un peu de sa boisson…Ce qui en soit est super gentil, mais il y a juste des moments où STOPPPPPPPPPPP ! J’EN PEU PLUS ! Ou encore dans un village, un petit garçon qui a attrapé un oiseau, a fait un trou sur son aile et l’a attaché à une ficelle. Il le fait tourner dans tous les sens, l’oiseau n’en peu plus, il le mord, il est d’ailleurs à moitié mort…il est tard, on s’est levé très tôt alors je suis désolée pour les défenseurs des animaux mais d’abord dans les villages les enfants n’ont pas vraiment de jouet et moi ca me rire, beaucoup rire en fait… puis tout le monde se met à rire et là c’est un fou rire générale ! J’ai bien sure de la peine pour cette pauvre bête, mais en même temps la situation est tellement burlesque, que bas voilà ca me fait rire ! J'allais oublier les cours d'anglais improvisés. Alors tu viens d'arriver dans un centre, dans une école. On te demande si tu parles anglais. tu réponds oui et alors là tu n'as pas le temps de refelechir que la seconde d'après tu te retrouves devant 40 élèves a devoir faire un cours d'anglais improvisé!

    English class!

    Et puis bien sure, je n’en ai pas parlé avant parce que c’est une évidence, la chose la plus importante : les gens. Les enfants, les responsables de programmes vont plus que me manquer ! Les sourires des enfants, des étudiants de Chiang Mai, leur joie de vivre... Leur force qui me fascine tant !  Mais ca je ne préfère pas y penser maintenant parce qu’il me reste encore 6 mois pour en profiter ! C’est l’avantage des bilans de mi d’année J

     Petite fille de l'école de Lak Taeng

    Enfants du foyer de Mae Aep!

    Mais refaire une année ca veut aussi dire se donner à fond, une année de plus. Est-ce que j’en suis capable ? On nous l’avait prévenu : « ta mission, c’est ta vie ». Et finalement, tout tourne autour de ma mission…c’est parfois pas évident de faire une vraie coupure. On se fait des week-ends de temps en temps, bien sure. Début février, par exemple on était à Ko Samet (une ile pas très loin de Bangkok) avec d’autres volontaires. Mais finalement, entre volontaires, on parle EDM (Enfants du Mékong), mission, Cambodge, Thaïlande, Vietnam…Et puis il faut aussi être capable d’avoir envie une année de plus d’ouvrir un petit peu plus ses yeux…Est-ce que j’en ai envie ? Parce qu’on se croit fort, on écoute les histoires des filleuls très souvent dramatiques, on veut toujours en savoir un peu plus, comprendre…Mais finalement j’arrive toujours à la même conclusion. Ici, comme je vous l’ai souvent dit je me rends compte de la chance infinie que j’ai. Du coup forcement je relativise beaucoup plus et ca simplifie beaucoup la vie. Mais d’un autre côté, je me demande vraiment comment de telles horreurs sont possibles, comment de telles situations sont aujourd’hui existe-t-elles ? Pourquoi certaines personnes ont autant de chance (comme moi) et d’autres moins ? Ne pourrait-on pas un peu rééquilibrer les choses ? Je sais que toutes mes questions sont assez banales, mais en même temps, prend-on vraiment le temps d’y réfléchir ? Et quand on a ouvert un petit peu ses yeux, peut on les refermer ? Que doit-on faire ? A-t-on vraiment envie de les garder ouvert ?

    Je rentre par exemple du camp de refugié ouvert Shane (je vous en avais déjà parlé, cf. article apatride 8 lettres qui en disent long). J’ai rencontré la famille de Parnaung. Ils vivent dans une petite maison en bois à coté du camp. Dans cette famille, personne n’a la nationalité thaïe. Je ne vous réexplique pas les problèmes des refugiés sans nationalité en Thaïlande.  Le père est en bonne santé, la mère est morte. Dans cette famille, il y a 4 enfants : 3 garçons et 1 fille. Le père est travailleur journalier. En gros, il gagne 4 euros par jours et travaille 5 à 15 jours par moi, un peu plus les bons moi.  La fille est mariée, ils n’ont plus vraiment de nouvelle. L’ainé de la famille travaillait à Bangkok dans le bâtiment. Sauf que voilà, il a eu un accident. Il est paralysé. Il a du rentrer dans sa famille et est obligé, à 32 ans de passer toutes ses journée sur sont lit a attendre que le temps passe…Apparemment, son chef a été plutôt correct avec lui . Il a financé les frais d’hôpital et lui a offert un peu d’argent. Le second fils, a 18 ans et étudiait au collège. Mais c’est maintenant fini pour lui. Il doit faire vivre sa famille et s’occuper de son grand frère paralysé. Autant vous dire qu’il est obligé de faire un petit boulot où il est forcement exploité car pas de nationalité, aucune qualification et en plus il est obligé de rentrer à 3 heures tous les jours pour  aider son grand frère paralysé. Il reste Parnaung. Aujourd’hui, il a 15 ans. Il étudie en Mo1 (notre 5eme). Lorsque je lui demande s’il est motivé pour continuer ses étudie. Il me répond que oui, au moins jusqu’en Mo3 (3eme), mais qu’après il ne peut pas dire. Sa famille est pauvre et peut être qu’il sera obligé de travailler, donc il ne peut pas se prononcer. En partant, Parnaung me rappelle, il me présente son cousin. Il vit ici car il n’a nulle part ou aller. Lui aussi travaillait dans le bâtiment, il a eu un accident et ne peut plus se servir de l’une de ses jambes (je ne sais plus si c’est la gauche ou la droite). Je suis triste pour cette famille mais aussi un petit peu en colère. J’ai envie de secouer le père de lui dire de laisser ses deux fils à l’école et de s’occuper de son fils paralysé. Mais je suis qui pour penser ça ? C’est facile pour moi, d’arriver comme ça mais je ne connais rien de l’histoire de cet homme.

    Adolescants de l'école de Lak Taeng

    Il y a aussi cette famille shane de cinq enfants. Ils n’ont pas la nationalité thaïe, ils sont très pauvres. Les parents sont alcooliques et tout leur argent passe dans la boisson. Ils sont travailleurs journalier, donc quand ils travaillent ils gagnent 150 baths par jour (4 euros). Parfois, les enfants travaillaient dans les rizières, ils mettaient l’argent dans une boite. Les parents ont volé l’argent et l’ont dépensé dans l’alcool. Les deux ainés en ont eu marre, ils sont partis et se sont engagés dans la SSA (shane state army). La SSA se bat pour l’indépendance de l’état shane contre l’armée birmane. Je ne vais pas vous faire un dessin, mais comme vous pouvez vous en douter, c’est loin d’être fun. Le troisième était scolarisé, lui aussi en a eu marre, il est parti. On ne sait pas où il est. Il reste les deux plus jeunes. Ils sont à l’école pour le moment. Ils ont un repas offert par l’école le midi, pour les autres repas rien est moins sure. Encore une fois, on ne peut pas juger. Je ne sais pas ce que ces gens ont vécu.

    Et puis il y a d’autres événements. Certainement moins grave, mais tout de même très déroutant. Sukanon par exemple. Je vous en avais parlé, il devait partir un an en Israël en échange. Sauf que voilà, il avait oublié l’examen médical. Sukanon après la visite médicale a été recalé du programme. Il ne part plus. Quand j’ai voulu aller en Thaïlande, j’ai bien sure eu une petite visite médicale. Mais finalement c’était plus une formalité qu’autres choses. Et forcement ca fait réfléchir…Il y a aussi, cet adolescent, il était avec des copains et il a volé quelques poissons  provenant d’un étang d’un villageois. Il s’est fait prendre. Sa mère était furieuse. Elle l’a retiré de l’école et il est maintenant Monk (moine bouddhiste). Vous me direz que ce n’est si grave (pour info. on peut être Monk juste un temps donné). Sauf que voilà, il est Shane et n’a pas la nationalité thaï. S’il était resté à l’école, il aurait eu beaucoup de chance d’avoir un permis de séjour pour 10 ans en Thaïlande sur le district de Chiang Mai. Maintenant, ca risque d’être compliqué. Et puis, j’ai réfléchis, moi quand j’étais ado. J’ai volé des bonbons et du maquillage au monoprix…Tin tin tin : REVELATION ! Certes je ne me suis pas fait prendre, mais même si ca avait été le cas, la punition n’aurait pas été aussi radicale. Du coup forcement, ces petits événements font réfléchir.

    Et puis vivre un an de volontariat avec Enfants du Mekong, c’est vivre une année magique, extraordinaire, mais c’est aussi vivre une année loin de ses proches. Alors plus le temps passe, plus il se peut qu’il y ait un petit décalage qui se créé. Et puis surtout vous me manquez ! Vous me manquez même beaucoup ! Bref, je ne sais pas vraiment comment les choses vont se dérouler pour moi l’année prochaine, ni où je serai et ce que je ferai. Mais comme les choses sont bien faites j’ai encore plus 6 mois pour y réfléchir. En tous cas pour le moment, le retour est prévu pour mi septembre !  En attendant il me reste pleins de choses à vivre et notamment des petites vacances bien sympathiques avec très prochainement la visite d’Ykram mi mars et Math fin mars ! Bref je sens que ces 3 prochains mois vont passer à une allure folle !

    Un avant goût de vacances pour les futurs visiteurs!

    Juste avant de vous laisser, je voudrai tous vous remercier : pour vos dons car sans vous tout ce cela ne serai pas possible, pour tous vos messages d’encouragement et aussi  parce que vous êtes vous ! Alors un énorme MERCI ! Je vous assure que tous vos petits mails, cartes, lettres, colis me font un bien fou et m’apporte beaucoup plus que vous ne pouvez l’imaginer ! Et merci pour tous vos mots gentils sur le blog, c’est super motivant et ca me touche beaucoup !

     

    Allez, TSCHÜSSSSSSSSSS !


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  • Commentaires

    1
    Ykram
    Vendredi 17 Février 2012 à 12:06

    Je suis au boulot, malgrès ça je n'ai pas pu déccrocher mes yeux de ce texte qui nous permet de voyage avec toi.


     


    J'ai hâte d'être au 13 mars pour en avoir un peu plus à entendre, et voir ta petite tête je te fais quand même confiance pour nous laisser quelques moments de silence au bord de l'eau...


     


    Un grand merci Delatte pour ces articles.


    Ykram

    2
    Domitille D
    Vendredi 17 Février 2012 à 13:33

    C'est marrant, je faisais les mêmes blagues que toi à la sortie des cours... !!!

    Canon cet article, c'est prenant....

    BRAVO Vieille Delatte!

    3
    clemthailande Profil de clemthailande
    Vendredi 17 Février 2012 à 13:51

    Merci beaucoup pour vos petits mots!


    @Bensalem, ne comptes pas trop sur les moments sans bruti au bord de l'eau :)


    @Daurel, bizarrement ca ne m'etonne pas vraiment pour les blagues...

    4
    Fabs
    Dimanche 4 Mars 2012 à 23:52

    Bonjour Clémence,

    Nous avons lu votre blog avec délectation, que de belles expériences !

    Une question plus personnelle ... Nous sommes parrains via EDM de SITTIKINGDOMRONG RATEE (ou : RATREE) au centre de Mae Na Jorn. L'avez-vous croisée ? Comment va-t-elle ? Savez-vous si elle poursuivra l'an prochain sa scolarité au foyer (elle est en P06) ? Auriez-vous une photo d'elle par hasard ? Nous avons seulement une photo ID en noir et blanc d'elle quand elle était petite .... elle a dû changer. Nos enfants lui joignent un dessin avec nos courriers (pas très fréquents devons-nous avouer) et nous demandent toujours sa photo ....

    Serait-elle concernée par votre projet de Week-End à Chiang Mai ? (que la réponse soit oui ou non ..... ne nous empêchera pas d'y contribuer ;-)  )

    Merci d'avance, bonne continuation ... et décision entre les tongs au placard et le riz !

    Fabien

     

    5
    clemthailande Profil de clemthailande
    Lundi 5 Mars 2012 à 05:12
    Bonjour Fabien,

    Votre filleule va bien. Je l'ai vu la semaine derniere. Elle est actuellement en Po5 (l'équivalent de notre CM2) et a 12 ans.
    Oui, le projet de week end à Chiang Mai la concerne. Mais elle n'est pas encore au courant. J'attends de récolter toute la somme avant d'en parler aux enfants (afin qu'ils ne se fassent pas de fausse joie). Je retourne à Mae Na Jorn d'ici 3 semaines. Je vous ferai parevenir une photo et des informations sur votre filleule.
    Elle vous a envoyé une une petite lettre pour Noël, l'avez vous bien reçue ?

    A bientôt,

    Clémence
    6
    Fabs
    Lundi 5 Mars 2012 à 22:48

    Bonsoir Clémence,

    Merci beaucoup, heureux d'avoir de bonnes nouvelles. Oui nous avons reçu sa lettre pour Noël, merci. Nous en avons une tout prête à lui renvoyer, mais je crois que ca prend pas mal de temps pour qu'elle les reçoive. Dommage qu'on ne puisse communiquer par e-mail, ca permettrait de correspondre plus vite et joindre plus facilement qq photos...

    Merci d'avance pour sa photo quand vous la reverrez.

    J'en profite pour deux dernières questions

    - s'appelle-t-elle plutôt Ratee (= nom donné par EDM) ou Ratree (signature traduite de ses lettres) ?

    - nos filles voudraient lui envoyer un petit cadeau (objet), est-ce possible ? Via EDM ?

    A très bientôt

    Fabien

    PS: je détourne peut-être votre blog avec nos questions sur nore filleule... si vous préférez nous répondre directement notre mail est doeba@neuf.fr

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