• CHOK DII !

    Tout d’abord un immense MERCI à toutes les personnes ayant fait un don pour le week-end à Chiang Mai pour les enfants de Mae Na jorn ! Grâce à vous ce projet va se réaliser. Il y aura deux groupes : un groupe partira le dernier week-end de mai, le second le premier de juin. Promis je vous enverrai des photos.

     A 6 mois de mission, on se pose la question de rempiler sur une seconde année ou non. J’ai pris la décision de rentrer en France. A 3 mois de fin de mission, on vous pose l’ultime question : « tu fais quoi en rentrant ? » Fin avril, je ne suis plus aussi certaine de mon choix ou plutôt non, le retour ne me paraît plus si évident. Evidemment, il y a eu des moments difficiles, des incompréhensions, des choses qui m’ont choquées…Il a fallu s’adapter. J’ai changé ma manière de vivre ici ; je n’ai pas changé pour autant. Mais il se trouve que j’aime ma vie ici. Je suis heureuse, apaisée. Vivre loin, vivre autre chose, ca implique des choses auxquelles je n’avais pas pensé. Vivre un an de volontariat c’est rompre avec ma vie  d’avant, vivre une aventure humaine très forte, très riche. C’est peut être un peu, malgré soi, s’oublier un peu. Depuis le mois de mars, j’ai eu la chance d’avoir plusieurs visites et c’était génial. Mais avoir de la visite c’est aussi se confronter à la réalité, à ma réalité. Et je vous assure que ca fait réfléchir. Partir en volontariat, c’est une démarche quelque part un peu égoïste. Evidemment, si je suis ici, c’est pour apporter un petit peu d’aide mais je l’ai fait pour moi également. Partir en volontariat, c’est se consacrer entièrement pendant un an à sa mission. On nous l’avait dit : « ta vie c’est ta mission et ta mission c’est ta vie pendant un an ». Et depuis 9 mois, ma vie est vraiment différente et ce 24h/24.

    Le genre de paysage que l'on trouve vers chez moi...

    J’aime la Thaïlande, j’aime les gens, j’aime par-dessus tout leur sourire. Je me suis attachée à ce pays, à ces gens. Je vous l’ai déjà dit : je n’ai jamais rencontré autant d’humanité qu’ici. J’ai fait des rencontres magiques. Ici, lorsque vous êtes perdu, que vous avez un problème, vous pouvez être certain que vous allez trouver quelqu’un pour vous aider et qu’il va le faire avec le sourire. Vivre dans un pays comme la Thaïlande, ca vous donne vous aussi envie de sourire, d’aider dès qu’on en a l’occasion, de s’ouvrir, d’être plus serein.  Vivre simplement, c’est aussi ressentir des choses très fortes. Samedi dernier, je suis allée dans un village karen dans les montagnes avec une dizaine d’étudiants et un père non loin de Paï (pour ceux qui connaisse un peu la Thaïlande). Sur le chemin du retour, le père me dit : Clémence, tu as un peu de temps ?  Ici, il faut toujours prévoir un peu plus de temps que prévu, laisser place à l’inattendu. Résultat on a passé 3 heures dans une cascade ! Tout habiller, of course ! On a lancer un caillou et on la chercher pendant 20 minutes bas oui forcement sous l’eau, il n’y a pas qu’un caillou…puis j’ai lancé un jeu, pas des plus intelligent, je vous l’admets : passer sous la cascade en apnée…sauf que voilà tous les étudiants ne savent pas forcement bien nager…Bref, c’est une après midi toute simple mais je peux vous assurer que je n’ai pas vu le temps passer.

    On sort de la cascade !

    Vous noterez la magnifique chemise karen :) !

    THE WATERFALL ou NAM TOT!

    Cette journée là, il y avait une étudiante. Nous l’appellerons Amney. Amney a 23 ans. Elle est née dans un camp à la frontière de la Birmanie. Ses parents ont fuit la Birmanie avant la naissance et se sont refugiés en Thaïlande comme énormément de karen. Amney n’a donc pas de nationalité. Comme je vous l’avais dit en Thaïlande, il n’y a pas de droit du sol. La semaine passée, le père est allé au camp avec plusieurs étudiants. Il m’explique que c’est très difficile d’avoir des autorisations. Généralement, il arrive à avoir des autorisations pour Noël et Pâques mais le reste du temps ca prend des mois et des mois et il faut bien sure à chaque fois arroser les autorités. Il m’explique que cette fois, ils sont rentrés illégalement et se sont fait passer pour des habitants du camp. Là, il rencontre Amney, une jeune fille qu’il connait. Amney a passé toute sa vie au camp, tout ce qu’elle connait, elle l’a appris dans des livres ou par des gens. Je ne sais pas si vous pouvez vous imaginer, c’est comme si vous étiez toujours resté au milieu des montagnes, dans un périmètre restreint et qu’on vous avait expliqué la quasi-totalité des choses que vous connaissiez. Par exemple, un feu pour la circulation : c’est une lumière qui régule le trafic. Sauf que voilà vous vous ne savez pas ce que c’est le trafic, des routes bétonnées, des fils électriques, des maisons en dure (dans les camps, c’est interdit de construire des bâtiments en dure du coup toutes maisons sont en bambou)… Et ce pour 99% des choses que vous connaissez. Certains membres de la famille d’Amney ont obtenu la nationalité américaine et sont depuis peu aux Etats Unis. Mais Amney, elle ne veut pas quitter ses montagnes, le reste de sa famille resté au camp, ses racines…Normalement une journée en dehors du quand coûte à chaque habitant 500 baths. Dans le camp, il n’y a pas de travail ou quasiment pas et bien sure les habitants ne peuvent pas sortir pour aller travailler. Au camp, chacun reçoit une ration de riz, d’haricots et quelques condiments…pour la viande, le poisson et le reste il faut les acheter. Mais comment lorsque l’on ne gagne pas d’argent ? Parquer des milliers de gens dans des camps est une catastrophe. Ces gens reçoivent tous les jours le minimum vital, n’ont pas la possibilité de travailler et du coup ne savent plus faire beaucoup de chose mais surtout ce qu’il y a de plus triste ils n’ont plus d’espoir.

    Depuis quelques jours, je donne des cours d’anglais sur les droits de l’homme à quelques étudiants karen de Chiang Mai et ce pendant un mois. Le 1er article de la déclaration des droits de l’homme mentionne : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits », l’article 13 : « Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un Etat. », l’article 15 : « Tout individu a droit à une nationalité ». Vous voyez où je veux en venir ? En discutant avec les étudiants, j’apprends qu’ils ont pris connaissance des droits de l’homme depuis qu’ils sont à la fac. Il me confie que leur parent n’en ont pas conscience, idem pour la quasi-totalité des membres de leur village. Cela ne les choque pas. C’est une évidence. Ils ne trouvent pas cela normal pour autant, mais c’est la vie. Que peuvent-ils faire ? Et c’est là où ca devient vraiment intéressant. Je leur pose donc la question. La plupart d’entre eux veulent devenir instituteur/professeur. Une étudiante me dit qu’elle va enseigner à ses élèves, une fois diplômé comment devenir une personne respectable et leur enseigner à ce moment là ses droits. Pour elle, il faut d’abord devenir quelqu’un de bien pour avoir des droits. Un autre me dit qu’il ira voir le chef de son village et qu’il lui expliquera afin qu’il réunisse tous les habitants du village pour leur en parler.  Le cours se poursuit...Les étudiants s’agitent. Un débat est lancé ! Je jubile ! Le but de mon cours était de les faire réfléchir sur le sujet. En Thaïlande, l’enseignement est particulièrement théorique et répétitif. Les élèves apprennent par exemple des listes infinies de vocabulaire en anglais mais ne savent pas faire de phrase. Revenons-en au débat : « La déclaration des droits de l’homme est elle vraiment pour tout le monde ? » Ils ont bien compris qu’elle était faite pour tous les enfants, femmes, hommes, mais par contre là où ca beugue c’est la notion d’universalité. Des droits de l’homme pour tous les pays du monde ??? Comment ca ??? Mais ce n’est pas possible puisque toutes les lois de tous les pays sont différentes ??? Et puis ils se rendent compte que oui il y a bien des droits de l’homme mais que ce n’est pas appliqué pour tous. J’ai donné des dizaines et dizaines de cours particuliers : anglais, allemand, mathématiques, géographie, histoire…fait du soutient scolaire dans les quartiers nord de Marseille…mais je peux vous assurer que je n’ai jamais ressenti  une telle satisfaction qu’en donnant ce cours auprès de ces étudiants…Je vous avoue que j’avais un peu peur avant de le commencer. J’ai fait une école de commerce, un master en marketing…les cours sur les droits de l’homme ca doit remonté à mes cours d’éducation civique au lycée, avec monsieur Fontaine…Et c’est aussi ca que j’aime ici : tout est possible ! Et puis je ne vous ai pas parlé du clou des cours, la cerise sur le gateau : les « good evening teacher », « thank you teacher », et le magnifique « see you again tomorrow »… !

    Je parle, parle, mais avec tout ca je n’ai pas répondu à l’ultime question : « et tu fais quoi en rentrant ? ». Et si tout simplement, je vous disais qu’aujourd’hui je n’en sais rien ! Ce que je sais c’est qu’il me reste un peu plus de 3 mois à vivre ici et plein de projets ! Evidemment le week-end avec les enfants karen. Et puis, le projet du foyer étudiant pour 10 filles à la Fac en 1ere et 2eme année avance à grand pas. Il nous reste encore à trouver une maison. Si le projet abouti, j’emménagerai avec elle. D’ailleurs si vous souhaitez parrainer une étudiante, n’hésitez pas m’écrire un petit mail, c’est avec grand plaisir que je vous en parlerai.

    A gauche, l'une des futurs etudiante du foyer si le projet abouti :)

    Il reste egalement un petit mois de cours d’anglais pendant les vacances scolaire auprès des étudiants et puis encore plein de visite de village. Ici, j’ai appris à vivre au jour le jour, à prendre le temps. J’ai envie de profiter de ces derniers mois à fond et pour la suite on verra !

      

    CHOK DII KA !!! (Bonne chance)

    CHOK DII KA !!!!!!!!!!!

     

     


  • Commentaires

    1
    Market family
    Dimanche 6 Mai 2012 à 17:14

    C'est une belle aventure que tu vis!!

    Ici, on ne prête pas attention aux petits moments de la vie qui fondent le bonheur. Tout tourne autour de notre nombril, on veut toujours avoir plus d'argent, on ne prend plus le temps de partager, de prendre le temps d'écouter les autres. En fait, en lisant ton témoignage, je me rends compte qu'on passe à côté de plein de choses toutes simples mais pourtant si essentielles. Bonne continuation Clém

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