• Voilà, cela fait exactement une année depuis mon arrivée en Thaïlande.  A deux semaines du départ, je ne trouve pas mes mots. J’ai essayé à plusieurs reprises de vous écrire. Cela doit faire maintenant trois semaines que j’allume mon ordinateur, ouvre Word, commence mon article et puis c’est le vide total. Le néant. Tout simplement, je n’y arrive pas. A deux semaines du départ, les émotions sont décuplées : entre excitation du retour et  nostalgie déjà apparente d’une année extraordinaire passée ici.  A deux semaines du départ, je ne vois pas les journées passées, elles défilent, défilent… J’aimerai pouvoir arrêter le temps, trouver le bouton pause… A deux semaines du départ, je suis complètement à fond dans ma mission, profite de chaque instant, réalise à quelle point cette année aura été riche. Je sais aussi, tout au fond de moi,  que tout cela fait partie de la magie du départ.

    Quoi de plus normal que de commencer par un sourire au pays du sourire!

    et puis parce qu'il fallait bien apprendre à planter le riz avant de partir!

      

    Mais partir du nord de la Thaïlande  après une année comme celle-ci, ce n’est pas un départ tout à fait comme les autres. Je vous entends déjà, mais laissez moi vous expliquer. En Thaïlande, à peine avez-vous dit que vous aller rentrer dans votre pays, qu’on vous demande tout de suite quand vous revenez. Et puis il y a aussi les « quitung, quitung », « je penserai à toi ». Sans oublier les « mais pourquoi tu rentres chez toi, tu n’es pas bien ici ? Tu n’aimes pas la Thaïlande ? ».  Ce dont vous ne vous rendez pas compte, c’est que  ce genre de conversation vous ne l’avez pas une fois, mais avec chaque personne rencontrée, à chaque moment dès le sujet abordé…Malgré soi, on culpabilise. Ah culpabilité du volontaire, quand elle vous tient ! En juin dernier, j’ai une conversation avec Tam, un étudiant de Chiang Mai. Petite parenthèse, Tam, c’est un garçon pas comme les autres. Il a eu un accident de moto et ne peut plus marcher, son pied est complètement tordu et ses os brisés. Il a honte et à seulement 27 ans, il ne veut plus sortir du foyer d’étudiant. Tam c’est le genre de garçon dont on s’attache, le genre de personne que l’on n’oublie pas. Je l’ai eu comme élève en cours d’anglais en mai dernier, je l’ai un petit peu motivé pour une sortie. « Un petit peu »…comment dire…à ma manière…il m’arrive comment dire d’être parfois un légèrement insistante. Bref Tam a accepté de sortir du foyer : sa première sortie depuis deux ans.  Alors forcement Tam m’a marqué. Passons, j’explique à Tam qu’en août je vais quitter Chiang Mai et rentre dans mon pays. Il me répond : « oui, oui très bien mais tu reviens dans combien de semaines ? » Je lui explique que bas non, je rentre dans mon pays. Je reviendrai certainement un jour, mais que pour le moment je ne sais pas ». Il me regarde bizarrement, il y un petit blanc et puis me dit : « mais pourquoi ? Tu n’es pas bien ici ? ». Je lui réponds que si bien sure, j’adore la Thaïlande, les gens, que je suis très bien mais que ma famille, mes amis et la France me manquent. Il me regarde à nouveau et me répond : « mais tu as skype, tu n’as pas besoin de rentrer dans ton pays pour voir ta famille et tes amis ! ». Que voulez vous répondre à cela ? Alors pour ne pas perdre la face, j’ai souri ! Hé hé…Et puis ca y est, à deux semaines du départ les soirées d’adieux dans les foyers ont commencé. Au revoir Wiang Kaen, Pathung, Mae Na Jorn…Des mots qui ont fait partie de mon vocabulaire pendant un an. Chaque départ est unique. Je suis plus que gâtée, j’ai le droit à plein de spectacles de danses thaï, karen, hmong...Cadeaux en tous genres : jupe, sac karen, bracelets protecteurs, pochette…Et puis il y a aussi les câlins spontanés des enfants…vous allez partir et puis d’un coup une petite fille, un petit garçon vous attrapent et vous sert fort dans ses bras. Dans ses moments, là il faut être fort, ne pas craquer…et pour le moment, je vais vous étonner mais je résiste. Vous me direz, je n’ai pas encore dit au revoir aux filles du foyer (Abschluss Party prévue le 18 aout, et oui de l’allemand, encore de l’allemand). Forcement, je suis un petit peu perdue, je ne réalise pas vraiment que bientôt tout cela sera terminé…Je préfère ne pas trop y penser.

    Les filles du centre de Wiang Kaen, le soir de la soirée d'adieu, noté les costumes hmong traditionnels

      

    spectacle des enfants karen

      

    on tape la pose en tenue karen et non se n'est pas un degusiement! A droite Delphine, une nouvelle volontaire EDM qui reprend 5 des centres dont je m'occupais de la coordination

    Après le spectacle des enfants karens, séance d'habillage de la "farang" (occidentale)!

      

    J’ai pris la décision de rentrer, je ne regrette pas ce choix. Je le regretterai peut être un jour, mais il sera temps de repartir. Car oui, je vais vous faire une confidence : je n’exclu pas la possibilité de repartir un jour. J’y pense, on verra. Ce que je sais aujourd’hui, c’est que je viens de passer une année hors du commun, une année extraordinaire, une année magique…J’ai vécu ici une aventure humaine extrêmement riche et intense. J’ai appris énormément, suis tombée amoureuse d’un pays, d’un peuple. Partir quelque part, pendant un an c’est aussi une quête. J’étais en quête de sens, d’aventure, de rencontres humaines, de partage…J’ai trouvé tout cela ici. J’ai appris à donner, à me surpasser mais je peux vous assurez que j’ai reçu bien plus. Il y a eu bien sure des moments difficiles, très difficiles parfois…beaucoup de moments de solitude. Se retrouver plonger dans une culture qui n’est pas sienne est parfois déroutant, mais tout cela fait partie du voyage. Sans ces moments difficiles, il n’y aurait pas eu ces moments de bonheur intense, de fou rire, cette magie. Arriver dans un foyer après plus de 4 heures de taxi collectif dans les montagnes de Thaïlande, (je vous passe l’épisode des voyageurs malades) et voir une dizaine d’enfants trancher le cochon à la hachette, la tête de porc posé bien en évidence, délicatement par terre, le groin face au ciel, vous en penserez ce que vous voudrez mais c’est très drôle et mythique. Voir les étudiantes du foyer progresser après 2 mois, en anglais, en géographie et sur tout un tas de choses. Rentrer chez soi et faire une petite séance d'aérobic/danse ou badminton en fin d'après midi avec les filles du foyer, tout cela ca n'a pas de prix. Sans oublier bien sure tous les sourires…

    désolé mais je devais partager et avouez que c'est quand même très drôle:)

      

    petite séance d'aérobic au foyer!

    Derniere activité dessin à Pathung

    et dernière activité perle à Pathung!

    Mon histoire avec la Thaïlande ne fait que commencer. Je sais au fond de moi que je reviendrai. Je ne sais pas quand ni avec qui. Mais je suis certaine de revoir les montagnes de Thaïlande un jour. J’aime ce pays, j’aime ces gens. Je  suis complètement en accord avec moi-même ici. Sentiment de plénitude intense.  Wanjen, Ant, Lita, Miaou, Anucha, Luigi, Wattana, Kanissa, Somkiat, Assumpta, Narrinporn, Vinai, Bern, Somchat, Thit, Maroco, Heaw, Turu, Poï, Aball, Sathit, Waranporn…Je ne pourrai tous les citer, mais jamais je ne vous oublierai.

    Tout cela n’aurait pas été possible sans vous. Alors je profite de ce dernier article, car oui je ne vous l’ai pas dit mais ca sera le dernier, pour vous remercier. Merci à tous les donateurs pour votre générosité. Merci à vous tous qui m’avez soutenu. Merci à vous pour toutes vos petites attentions (mails, lettres, colis, appels…), vous ne savez pas à quel point ceux-ci m’ont fait plaisir (avec un petit +++ pour les colis fromage et gateaux bonne maman). Merci à tous les visiteurs. Merci à vous pour tous vos encouragements, votre gentillesse. Merci pour votre patience, votre compréhension.  Merci à Enfants du Mékong de m’avoir permis de réaliser un rêve, de vivre une année aussi intense et différente. Merci à toutes les personnes rencontrées ici. Merci pour vos sourire, votre joie de vivre, votre générosité, votre force, votre leçon d'humanité, merci de m’avoir accepté, encouragé, merci pour tous ces moments partagées…Bon allez j’arrête parce que finalement, il  ne suffirait que d’un mot : KOPUN KA !

      

    ขอขอบคุณคุณ, Kopun Ka!


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  • Depuis maintenant environ 2 mois, dès que j’ai un contact avec la France (skype, tel,facebook, mail…)  mon correspondant me parle d’un événement important, un événement préoccupant. Les élections ?  non, non ca s’est du passé…les événements en Syrie ?…Ah non toujours pas...Ca ne serai pas pas le chassé-croisé entre les juilletiste et les aoutiens (j’adore cette expression) ? ha bas non, c’est dans plus d’un mois…Vous ne voyez pas ? Faites un effort. Le TEMPS !!! Oui, oui le temps ! Le temps, aujourd’hui en France est un problème intergénérationnel.  Il me paraît donc important de faire un point météo avant de commencer à vous racontez quoi que ce soit. Sachez, que je me moque (gentiment) mais je vous comprends, vraiment sincèrement.  Vu d’ici, toutefois, c’est très drôle. Et puis comme je vous l’ai répété, je recherche la fraicheur depuis 11 mois maintenant…Soyez rassuré ici, c’est la saison des pluies du coup il fait gris, chaud et humide. Entre nous, il serait TEMPS (hé hé) de déplacer Paris à Marseille.

    Trêve de plaisanterie. D’abord encore un immense MERCI à toutes les personnes ayant soutenu le projet un week-end à Chiang Mai pour les enfants de Mae Na Jorn. Le week-end était vraiment réussi et sans votre aide ce projet n’aurait pas pu voir le jour. En tous cas les enfants étaient ravis. Au départ un petit peu déboussolés (forcement des villages de montagnes à Chiang Mai il y a comment dire une petite différence), mais rassurez vous ils ne leurs a pas fallu beaucoup de temps avant de profiter pleinement du week-end voir même le dernier jour d’être carrément surexcité. Dans ces moments là, les images parlent mieux que les mots, alors, pour ceux qui n’auraient pas encore vu la « vidéo » du week-end, voilà le lien youtube : http://www.youtube.com/watch?v=bsB8C-6gmtg&feature=youtu.be

    MERCI !

    Le premier week-end de juin, c’était certes le week end pour les enfants de Mae Na Jorn, mais également l’ouverture du foyer. Petit problème d’organisation ? Absolument pas ! Il a tout simplement fallu jongler entre l’ouverture de la FAC et la saison des pluies. On en revient toujours au point de départ : LA METEO !!! Mais elle va se taire… Bref, cela fait donc maintenant 3 semaines que le foyer de Chiang Mai a officiellement ouvert ses portes et qu’une nouvelle aventure à commencé.

    Je vis donc maintenant avec 10 filles karens.  Certaines sont catholiques, certaines sont bouddhistes (je n’ai cessé de vous le répéter ici la religion a une importance tout autre) ; la plupart mixent leurs anciennes croyances (animistes) et les croyances catholiques ou bouddhistes.  Elles sont toutes différentes, toutes attachantes…mais je vais vous faire une confidence : j’ai déjà ma chouchoute (pour des questions d’éthique, son nom restera secret…oh !).

    7 des 9 filles du foyer avec Maew au centre !

      

    Et les 2 manquantes !

    Bref, La première semaine n’a pas été évidente. Il a fallu que chacune prennent ses marques (y compris moi), comprennent le fonctionnement du foyer, les règles (assez strictes je dois dire), s’adaptent. Il y a eu des surprises, des déceptions aussi…Une fille du foyer a quitté le foyer, elle ne se sentait pas bien, avait un rythme différent des autres filles, était un peu plus âgée…Petite remise en question, j’ai certainement du louper quelque chose, mais il faut avancer et puis c’est la vie… Il faut également comprendre que les karens, originairement sont une population nomade. Dès qu’ils ne se sentent pas bien à un endroit, le quittent… En Europe, on nous apprend depuis tout petit à exprimer ce qui nous dérange, alors au départ forcement c’est un petit peu déroutant. En Asie c’est différent. On cache ses émotions, on ne perd pas la face, on ne fait pas perdre la face… Et chez les karens, il y a d’autres subtilités…Les karens sont une population du « cœur »…avant de pouvoir gagner leur confiance, il faut établir une relation amicale avec eux. Il faut d’abord échanger ensemble, partager des moments agréable…sans cela rien est possible…Alors au départ ce n’est pas simple, car au foyer je vous l’ai dit il y a pas mal de règles. Ces règles doivent être respectées …(sinon à quoi servent les règles ? hein ? ). Si vous me suivez, pour que les filles les respectent il faut d’abord qu’elles les comprennent bien sure mais aussi qu’elles aient confiance en Maew (l’étudiante en master qui est responsable du foyer avec moi, vous vous rappelez ?), en moi aussi bien sure. Alors la première semaine c’était un petit peu chaotique. Et puis il y a autre chose que Maew m’a expliqué, chez les karen lorsque quelqu’un fait une « bêtise », n’a pas respecté les règles, on ne lui en parle pas tout de suite et surtout pas personnellement. Alors d’abord on se rassemble (« Patchoum »), puis on discute, on fait des blagues et a travers la conversation on glisse qu’une ou plusieurs personnes n’ont pas respecté les règles sans cité de nom of course et en souriant…Vous imaginez ? Alors pour moi, ce n’est vraiment pas évident. Comme vous le savez, lorsque quelque chose me dérange j’aime en parler ou du moins si je n’en parle pas je n’arrive pas vraiment à le cacher et ca se voit, se comprend très nettement, …Une fois que c’est dit par contre, c’est dit et on en parle plus…Ici c’est différent, on laisse le temps, alors la première semaine on ne dit rien. Puis à la fin de la semaine on fait un point… J’apprends doucement à garder mes émotions pour moi, c’est d’ailleurs quelque chose que je travaille depuis mon arrivée en Thaïlande. C’est vrai qu’ici j’apprends doucement, très doucement à contrôler un petit peu plus mes émotions…Mais bon chassez le naturel…

    Au foyer : CA NE DECONNE PAS!

    Bref, la collocation avec Maow se passe super bien. Elle est TOP ! J’appréhendais un petit peu... Petite confidence (la deuxieme hé hé), je n’ai partagé qu’une seule fois ma chambre dans toute ma vie… je devais avoir 5 ans et c’était avec ma sœur. Alors même si c’est stupide,  c’est quelque chose de nouveau pour moi. Bref, on a trouvé notre rythme. C’est vraiment super car Maow parle très bien anglais ce qui simplifie beaucoup de choses. J’apprends beaucoup sur la culture karen, sur les croyances animistes…

    A la maison tout le monde parle karen, alors déjà que mon thaï n’est pas au top, mais le karen je n’y comprends strictement RIEN ! Mon vocabulaire karen se limite à : Oh MEUJEPEU (salutation), TABLEU (merci), OHME (on mange) ! Pour la petite anecdote, j’ai appris aux filles à dire : A TABLE ! Du coup, lundi matin, j’avais un petit peu de mal à me lever, étonnant tiens …On se lève vers 6h30 et on petit déjeune à 6h45 à la maison. Bref, j’ai eu le droit à un : A TABLEEEEEEEEEEEEE devant ma porte. Très très drôle ! Dans ces moments là, on ne fait pas la maligne… je peux vous assurer qu’en 2 minutes j’étais prête ! Bref, Maow m’apprend plein de trucs. Elle n’a pas confiance en elle et s’est dommage, car s’est une fille en or et elle ne se rend pas compte de sa richesse. Alors j’essaye de la valoriser, de l’aider. Je vous donne un exemple, elle revient du marché. Elle voulait acheter pour 5 baths de « nam pritt » (disons une crème d’épice). La vendeuse lui en donne 20 baths, elle n’a pas osé lui dire quoi que ce soit et est revenue toute penaude. Dans ces moments là, je vous assure qu'on est touché,mais je les motivé et elle m'a promis que la prochaine fois elle dirai NON. Affaire à suivre...

    Alors voilà, depuis 3 semaines je suis devenue en quelque sorte : une maman, une confidente, un prof. d’anglais, de comptabilité, un gestionnaire, une organisatrice de foyer, un GO, une mégère aussi (ha bas oui il faut que les règles soient respectées…alors pendant l’étude : ON ETUDIE !) un maître nageur … Ah oui je ne vous ai pas dit, le week-end dernier, j’ai organisé une petite sortie piscine. Juste en face de la maison, il y a une guesthouse avec une piscine, les filles passent tous les jours devant et je me suis dit que ca serai sympa de faire une activité différente toutes ensemble pour commencer l’année (et puis je me suis fait pote avec le manager de la guesthouse j’ai donc eu un prix : volontaire, NGO…des mots magiques pour avoir des prixJ). C’était hyper drôle. D’abord il y a eu la crainte du BIKINI ! « Pi Clémence, à la piscine on doit porter un bikini ??? » « Ah bas très certainement, si tu crois qu’on peu y aller habiller ! » La crainte se lit dans leurs yeux…Oh ca va, JE DECONNE ! Allez hops tout habiller dans le piscine, mais bon rien d’original maintenant. Bref, passons, certaines savent nager car dans leur village, il y a une rivière, un étang…pour celles qui n’ont pas tout ca au village…c’est comment dire : différent ! Bêtement, je ne m’étais pas imaginer cela. Dès que je vais à la rivière dans les villages, les enfants savent à peu près nager, forcement il y a une rivière au village…En tous cas je peux vous dire que celles qui ne savaient pas nager on fait preuve de persévérance et ce sont les dernières à être sortie de la piscine…Je vous laisse découvrir tout cela en image !

      

    A la piscine ! Vous remarquerez que je me fond dans la masse :)

    petite leçon de natation

      

    Voilà, il est temps pour moi de vous laisser. Ces 2 prochains mois risquent d’être riche en émotion. Je me suis posé tout un tas de questions quant à mon départ, je vous en avais déjà fait part d'ailleurs, mais rassurez vous, je suis de plus en plus sereine. Oui, beaucoup de choses vont me manquer, oui je suis certaine de verser une larme avant de partir, que dis-je un torrent de larmes...Ce que je vis ici, fais parti de moi, ce que j'ai vu, appris fait parti de moi... je sais que d'ici à peine 4 mois je repenserai à tout ce que j'ai vécu ici, à toutes ces rencontres, ces partages avec émotion et très certainement avec nostalgie...mais je sais aussi que ma vie est ailleurs...Et puis une chose est sure vous m’avez énormément manqué. Alors j’ai très envie de vous revoir et de faire la FETE (il va falloir rattraper le retard !). Ah oui, je ne vous ai pas dit, enfin pour ceux qui ne seraient pas au courant je rentre le 12 septembre. Je finis ma mission le 19 aout au soir et puis retrouve MARIA (maria s’est ma super copine espagnole du Maroc vous situez) et Helena, normalement on va au Laos, enfin c'est en cours de decision... bref, et le 1er septembre ca sera BALI avec Delphine ! En attendant, je vais profiter de mon colis (fromage, muffins bonne maman, saucisson…hé hé !) et vous laisse avec une petite photo passage de guet speciale saison des pluies (les personnes concernées se reconnaîtrons), vous remarquerez mon super sac à dos (merci encore à tous). Allez je  vous embrasse fort et très vite,

      

    Photo passage de guet avec port de sac à dos :)


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  • Il y a quelques jours, j’avais commencé à écrire un nouvel article. Un article différent. Il y a quelques jours, je ne sais pas pourquoi j’avais envie d’être avec vous à Paris. Il y a quelques jours j’en avais tout simplement un petit peu marre d’être ici. Un petit peu ? Bref, passons…Tout cela, c’était il y a quelques jours… Au pays d’Alice tout va très vite, les émotions sont décuplées, les moments de joie comme les moments de tristesse.

    Mais alors que faire avec cet article ? Hein, hein... Je pourrai  le publier tel quel, mais ca n’aurai pas de sens. Ignorer son existance ?  Trop tard ! Et puis, il y a quelque chose que j’aimerai vous montrer...Ah, Ah, SUSPENSE!

    Il y a quelques jours, je me demandais ce que je faisais ici. Remise en question, baisse de moral ! Ca ne vous arrive jamais ? Alors voilà tout ce qui ne me dérange pas d’ordinaire ou disons pas vraiment c’est transformé en  problème existentiel (au moins !)…Des choses toutes bêtes d’ailleurs. Et puis vous me connaissez, chez moi tout est noir ou blanc, le gris je ne sais pas pourquoi ne fait pas partie de mon vocabulaire. J’y travaille pourtant, mais ce n’est pas si évidant. Soit j’adore soit je déteste ; c’est comme ca et c’est valable pour tout. Ne vous inquiétez pas ca change très vite.

    Alors voilà il y a quelques jours, le riz a  commencé par être un « problème » ! Oui le riz, matin, midi et soir. Ca ne vous dit pas de varier un peu ? Une petite salade tomate mozza ca ne vous tente pas ? (Mais vous savez, pas la mozzarela toute dure, celle qui est dans de l’eau dans un sachet en plastique avec du pain et pas n’importe quel pain, une baguette tradition, oui voila parfait !) Bref, les moustiques aussi ont commencé par sérieusement me taper sur les nerfs et tous leur pote type fourmis, araignées, cafards…De toutes façons à quoi ca sert un moustique ? A RIEN ! Vous avez une meilleure réponse peut être ? Les réveils matinaux aussi ! Vous trouvez ça humain de se réveiller entre 5h et 6h ? Un réveil entre 7 et 8 heures du mat, je suis désolée mais CE N’EST PAS UNE GRACE MATINEE ! Ah oui, j’allais oublier, la chaleur aussi ! Je vous entends déjà hurler… Et puis, les vêtements de « roots » aussi ! 9 mois ca va, mais là JE N’EN PEU PLUS ! Surtout qu’ici tout se détend. Alors déjà qu’à la base ce n’est pas ce qu’il y a de plus canon…mais là soyons franc je ne ressemble vraiment plus à rien ! Bref, il y a quelques jours, tout m’énervait…même les méthodes de travail ont commencées à me gonfler ! De premier abord, je vous l’accorde, je n’ai pas l’air d’être une fille très carrée, mais je me rends compte ici que j’aime bien que les choses soit un minimum claires et organisées. Et comment vous dire les méthodes de travail thaï et les méthodes de travail européennes sont comment dire…UNTERSCHIEDLICH !!! (De l’allemand différent – oui l’allemand, langue très pratique quand on est comment dire un petit peu sur les nerfs !)

    Il y a quelques jours donc tout m’énervait. Vous vous attendez à une « happy end « ? Trop Facile, on est au pays d’Alice ! Bref, J’étais dans un foyer vers le triangle d’or, un petit peu moins à fond que d’habitude, soyons honnête beaucoup moins. Oh, ca va! Bref 4 jours s’écoulent, le dernier jour, dimanche, je passe l’après midi avec les enfants d’un foyer (les plus petits), un après midi tout simple, mais tout simplement incroyable, un après midi de taré. On s’est trop marré : dessiné c’est gagné, concours de mime, activité scoubidou (un grand merci au sponsor scoubidou-il se reconnaîtra), BBoy (Ah vous ne savez pas ce qu’est le Bboye ? Ah ah… ! je fais ma maligne, mais j ai découvert cela ici, le bboye est un genre de break dance tout simplement), concours de morpion et pour finir séance de photo ! Je vous laisse admirer.

    Avouez que ca ne peut que vous redonner la pêche !

      

    Ils ne sont pas canons ?

    Et puis on a discuté aussi… de la neige beaucoup ! Ah, la neige ! Grand sujet la neige !  

     « Dans ton pays, pi Game, il y a de la neige ? »…dans ces moments la je me la « pète grave » !

     « Oui, dans mon pays il y a de la neige…dans les montagnes beaucoup et parfois même en ville ». une dizaine d’œil grands ouverts me regarde avec envie.

     « Et oui ! ». Je vous l’ai dit que je me la « petais grave». Hé, hé !

     « Mais tu sais Pi Game, la neige on peu même la manger ! »

     « Oui, enfin pas trop quand même… » Bon j’avoue j’ai fini par dire qu’on pouvait manger la neige,  et que c’était trop bon ! Honte à moi !...mais c’était très drôle.

    Bref vous l’aurez compris, j’ai retrouvé LA PECHE ! En rentrant du foyer la nuit, à l’arrière d’un pick-up avec cinq jeunes d’un autre foyer, tout m’a paru très simple, tout m’a paru magique, MERVEILLEUX (on est au pays d’Alice !..hé hé !). Autant vous dire que je suis complètement à block !

    Une fois la tempête passée, le moral retrouvé, je vous avoue que j’ai un peu honte. J’ai toujours eu énormément de chance : je suis née libre, en France, dans une famille extraordinaire, je suis en bonne santé, mes proches sont en bonne santé, je n’ai jamais eu faim ni soif, j’ai toujours eu un toit,  j’ai toujours pu faire ce que je voulais, j’ai toujours pu réaliser mes rêves, j ai eu la chance de faire des études, j’ai des amis géniaux…Ai-je vraiment le droit de me plaindre alors que quotidiennement je vis avec des gens qui ont eu de vrai problèmes, de vraies difficultés ? Ces gens pourtant ne se plaignent pas, vivent avec ce qu’ils ont. Je vous l’ai dit j’admire leur force, je suis fan de leur rire, leur sourire.  Je ne veux pas me flageller pour autant.  Je crois qu’on à tous nos faiblesses, nous avons tous le droit d’être un petit moins en forme, de râler de temps en temps…On a tous notre histoire, on est tous différents, mais c’est vrai que cela porte à la réflexion… En parlant de reflexion...Tout à l’heure, dans la voiture en direction du marché en pleine discussion avec Massou…Je fais juste une parenthèse. Massou c’est une jeune karen de 32 ans incroyable. Elle a déjà pas mal bossé et fait actuellement un master à la fac. Massou c’est une fille incroyable, complètement à fond dans l’esprit karen mais en même temps c’est une jeune fille qui habite à Chiang Mai depuis pas mal d’années et qui s’est donné à fond pour réussir. Elle s’interesse à plein de trucs. Elle s’est même débrouillé pour passer une année aux Etats Unis et a fin egalement un voyage en France. Je vous le dit Massou c’est une karen incroyable venant des montagnes de Thaïlande)…Bref, Massou me parle d’un projet et en profite pour me faire une réflexion :  « tu sais s’il y a un « Farang » (un blanc/occidental) qui meurt à l’étranger, tout le monde va en parler, BBC va en parler…s’il y a 10 thaïs, 10 karens qui meurent qui va en parler ? Tout le monde s’en fou ! » C’est très certainement un petit peu exagérer, mais ce n’est pas complètement faux non plus…Et pourquoi ?...

    Ne réfléchissons pas trop tout de même…Ce n’est vraiment pas le moment de chaumer ! Alors ca y est on a trouvé la maison, on a fait la sélection des filles, on a acheté l’indispensable pour le foyer étudiant de Chiang Mai, l’opération ménage vient de se terminer! Grenouille morte mais en fait pas vraiment morte, cafards, fourmis, bêtes en tous genre on les a tous foutu dehors ! Du moins c’est ce que je croyais…En tout cas on n’a pas arrêté. Il faut dire que j’avais avec moi une équipe de choc !

      

    L'équipe de CHOC !

      

    Je vous l'ai dit, une équipe de choc !

    Alors  ca y est, le déménagement est prévu pour incessamment sous peu ! Et oui en Thaïlande, on ne planifie pas, on vit au jour le jour et là je peux vous dire que là ca me va à 200 % ! Alors adios la mission catho. et bonjour l’immersion totale ! Je vous en parle avec légèreté mais en réalité ca m’a beaucoup stressé et ca me stresse encore un petit peu. Il va falloir apprendre à se connaître, à vivre avec 12 filles karens,  organiser le foyer, mettre en place des activités… tout est à faire puisque c’est tout nouveau ! Le plus important est que les filles soient dans les meilleures conditions possibles pour étudier. Il va falloir aussi les aider à progresser en anglais, à leur apprendre à vivre en communauté avec des gens qu’elles ne connaissent pas, les aider à avoir confiance en elle...Toutes ces filles sont karen. En Thaïlande, il y a beaucoup de racisme envers les minorités ethnique et beaucoup n’ont pas suffisamment confiance en eux. Pour beaucoup de thaï ils sont perçus comme des « sauvages ». Pour vous donner un exemple, il y a quelques mois, j’étais à Bangkok dans un taxi. Je discute avec le chauffeur, lui explique ce que je fais en Thaïlande et ainsi que je travaille avec des enfants des montagnes. Sur ce il me dit avec un grand sourire : « Ah tu travailles avec des singes ! ». J’ai cru que j’avais mal compris, mais non tout sourire, il m’a redit la même chose. J’étais hyper choquée. Bien sure, je savais qu’il y avait du racisme en Thaïlande contre les minorités ethniques, mais je ne l’avais pas vraiment perçu jusque là du moins je ne l’avais pas vécu.  Comme toujours la différence fait peur et c’est pareil en France, partout dans le monde d’ailleurs.  Mais est-ce vraiment la différence qui fait peur ? Je ne suis pas sure. Je pense que c’est très certainement l’ignorance qui amène à la peur et ainsi au racisme. Je n’ai jamais compris et ne comprendrai jamais pourquoi la différence qu’elle soit définie par rapport à la religion, à l’origine, la couleur de peau, à l’handicape … d’une personne faisait peur ? Pourquoi ne pas au contraire ne pas profiter de cette différence pour s’ouvrir, partager, réfléchir, allez vers d’autres horizons ? La différence ne fait pas perdre son identité, au contraire. Et d’ailleurs vous l’avez très certainement remarqué, à l’étranger on essaye de tout faire pour s’adapter, on essaye de comprendre, on s’intéresse au pays dans lequel on est, pourtant on ne sent jamais autant français. En tous cas c’est ce que je ressens ici et c’est ce que j ai ressenti en Allemagne, en Inde…Bref, revenons en à la Thaïlande et aux karens.  Trouver un travail pour les minorités ethniques est bien plus difficile que pour tout thaï et ce pour n’importe quel métier. Je peux vous dire que chaque étudiant issu d’une minorité ethnique du nord de la Thaïlande peut être extrêmement fière de lui. D’abord sa langue maternelle n’est pas le thaï, de plus pour beaucoup les parents ne parlent pas thaï, pour la plupart ils ne savent ni lire ni écrire. Et puis la vie dans un village isolé de montagne de Thaïlande est complètement différente de la vie de ville de Chiang Mai par exemple. J’ai vraiment envie de profiter de ces derniers mois ici pour m’investir encore plus et vraiment faire tout mon possible pour que ces filles étudient dans les meilleures conditions possibles et soient stimulées au maximum tout en étant heureuse. Je vous dis tout cela mais je vous avoue que j’ai un petit peu peur. On m’a prévenu, je le sais au fond de moi, ca ne sera pas aussi simple. Il va y avoir des choses qui ne fonctionneront pas dès le début, d’autres sur lesquelles je vais me planter…et c’est la vie ! non ?  Bref, pour les informations pratiques, la maison se situe tout près d’une grande FAC (là ou la plupart des filles étudient), pas très loin du centre. Il y a quatre chambres. Je partagerai la mienne avec Miou. Miou c’est une étudiante en master qui sera responsable de la maison.

    La première c'est Miaou, ma nouvelle colloc de chambre!

    J’oubliais, dans la maison, il y aura 11 filles (en plus de Miou et moi), toutes étudiantes en 1ere, 2eme ou 3èmes années de FAC. Toutes veulent devenir professeur ou institutrice. Je vous en parlerai un peu plus lors d’un prochain article promis…Enfants du Mekong recherche toujours des parrains pour ces filles, si vous avez envie de parrainer une etudiante, n'hesitez pas à m'envoyer un petit mail, je serai ravie de vous en dire un peu plus. Ah oui, et dernière information pratique, dans la maison, je n’aurai plus internet. Alors, ne soyez pas étonné, déçu et surtout ne m’en voulez pas si je vous donne moins de nouvelle. Soyez sure d’une chose je pense très fort à vous.

    Notre super nouvelle maison!!!

    Le week-end avec les enfants karen approche à grand pas, je dirai même à très grand pas ! Alors finalement ils vont tous venir en même temps le premier week-end de juin. Je vous l’ai dit, ici on vit au jour le jour alors tout change tout le temps ! En fait c’est un long week-end, comme ca il n’y aura pas de jaloux ! Je me suis renseignée pour leur faire faire des tee-shirts, pour éviter de les perdre…ca serai dommage quand même ! 63 enfants des montagnes, en ville ca va être vraiment ENORME !

    Et puis malgré cette petite baisse de régime, oui appelons la comme ca, il y a eu des moments très drôle. On a fait des spaghettis avec les étudiants de Chiang Mai. Alors of course certains ont rajouté du riz !

    Lundi, riz, mardi, riz, mercredi, r...et NON...mercredi SPAGHETTI !

    Non, ce teint luisant n'est pas du tout ce que vous croyer...simple résultat du début de la saison des pluies...et oui :)

    Il y a l’anecdote de la crème solaire aussi…Alors quand Math (celle qui était en Mongolie, vous resituez ?) est venue, nous sommes allées vers le triangle d’or. Bref, on loue des scoots, j’ai la bonne idée de mettre la crème dans le coffre du scooter. « Oui, c’est bien comme ca on ne la portera pas ». Bref vous vous en doutez, on oublie la crème solaire. Il y a quelques jours, j’étais à Chiang Saen, comme je vous l’ai dit dans un foyer, en repartant, à 6h30 du mat je précise, je passe devant le loueur de scooter. Qui ne tente rien…Bref trop de chance, le proprio allait rentrer chez lui (chez lui, c est aussi sa boutique). Je lui explique, ils ouvrent tous les coffres…rien. Bon je repars, vais à la « gare de bus ». Enfin, disons plutôt sous le porche qui attend les sancteo (taxis collectifs) pour Maesai (poste de frontière avec la Birmanie – lieu où je fais tamponné mon passeport tous les 3 mois). Bref, j’écoute un peu de musique (la même depuis plus de 9 mois maintenant), bouquine tranquillement… et là, arrive la femme du proprio en vélo tout sourire…avec ma crème solaire !!! 100% VERIDICT ! J’aime la Thaïlande, j’aime les gens…

     Passons, une autre discussion assez marante. Ici personne ne sait me donner d’âge, d’ailleurs même pas les français ! Oui je vous promets je n’ai ni 15, ni 20, ni 23 ans ! J’ai 27 ans, je vais avoir 28 en septembre. Et non, quand on a 27 ans, on n’est pas vieux ! Vous avez compris ? Bref, je discute avec le père chargé des étudiants du fait que c’est très difficile pour moi de donner un âge aux thaïs et que de leur côté c’est pareil. Et là, il me dit avec un grand sourire : « quand tu es arrivées tu paraissais vieille mais maintenant tu parais vraiment jeune », pas certaine d’avoir bien compris je lui fais répéter, ah mais si j’avais bien compris ! Etonnant tout de même… La Thaïlande : CURE DE JOUVANCE ! Ca vous tente ? Ne soyez pas étonné si vous avez 30 ans et qu’on vous dit que vous en avez 12 en repartant, ca fait partie de la cure apparemment !

    Allez, sur ces bonnes paroles je vous embrasse très fort et vous laisse avec une petite devinette : mais qu'à t-elle donc sur son visage ? Je vous donne un indice, ici c'est très CHIC!

    Promis, le premier qui tour trouve je lui envoie une carte postale ! ... Ca vous fait rêver hein ? lol!

    Mais qu'a t-elle donc sur son visage ? hein, hein...


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  • Tout d’abord un immense MERCI à toutes les personnes ayant fait un don pour le week-end à Chiang Mai pour les enfants de Mae Na jorn ! Grâce à vous ce projet va se réaliser. Il y aura deux groupes : un groupe partira le dernier week-end de mai, le second le premier de juin. Promis je vous enverrai des photos.

     A 6 mois de mission, on se pose la question de rempiler sur une seconde année ou non. J’ai pris la décision de rentrer en France. A 3 mois de fin de mission, on vous pose l’ultime question : « tu fais quoi en rentrant ? » Fin avril, je ne suis plus aussi certaine de mon choix ou plutôt non, le retour ne me paraît plus si évident. Evidemment, il y a eu des moments difficiles, des incompréhensions, des choses qui m’ont choquées…Il a fallu s’adapter. J’ai changé ma manière de vivre ici ; je n’ai pas changé pour autant. Mais il se trouve que j’aime ma vie ici. Je suis heureuse, apaisée. Vivre loin, vivre autre chose, ca implique des choses auxquelles je n’avais pas pensé. Vivre un an de volontariat c’est rompre avec ma vie  d’avant, vivre une aventure humaine très forte, très riche. C’est peut être un peu, malgré soi, s’oublier un peu. Depuis le mois de mars, j’ai eu la chance d’avoir plusieurs visites et c’était génial. Mais avoir de la visite c’est aussi se confronter à la réalité, à ma réalité. Et je vous assure que ca fait réfléchir. Partir en volontariat, c’est une démarche quelque part un peu égoïste. Evidemment, si je suis ici, c’est pour apporter un petit peu d’aide mais je l’ai fait pour moi également. Partir en volontariat, c’est se consacrer entièrement pendant un an à sa mission. On nous l’avait dit : « ta vie c’est ta mission et ta mission c’est ta vie pendant un an ». Et depuis 9 mois, ma vie est vraiment différente et ce 24h/24.

    Le genre de paysage que l'on trouve vers chez moi...

    J’aime la Thaïlande, j’aime les gens, j’aime par-dessus tout leur sourire. Je me suis attachée à ce pays, à ces gens. Je vous l’ai déjà dit : je n’ai jamais rencontré autant d’humanité qu’ici. J’ai fait des rencontres magiques. Ici, lorsque vous êtes perdu, que vous avez un problème, vous pouvez être certain que vous allez trouver quelqu’un pour vous aider et qu’il va le faire avec le sourire. Vivre dans un pays comme la Thaïlande, ca vous donne vous aussi envie de sourire, d’aider dès qu’on en a l’occasion, de s’ouvrir, d’être plus serein.  Vivre simplement, c’est aussi ressentir des choses très fortes. Samedi dernier, je suis allée dans un village karen dans les montagnes avec une dizaine d’étudiants et un père non loin de Paï (pour ceux qui connaisse un peu la Thaïlande). Sur le chemin du retour, le père me dit : Clémence, tu as un peu de temps ?  Ici, il faut toujours prévoir un peu plus de temps que prévu, laisser place à l’inattendu. Résultat on a passé 3 heures dans une cascade ! Tout habiller, of course ! On a lancer un caillou et on la chercher pendant 20 minutes bas oui forcement sous l’eau, il n’y a pas qu’un caillou…puis j’ai lancé un jeu, pas des plus intelligent, je vous l’admets : passer sous la cascade en apnée…sauf que voilà tous les étudiants ne savent pas forcement bien nager…Bref, c’est une après midi toute simple mais je peux vous assurer que je n’ai pas vu le temps passer.

    On sort de la cascade !

    Vous noterez la magnifique chemise karen :) !

    THE WATERFALL ou NAM TOT!

    Cette journée là, il y avait une étudiante. Nous l’appellerons Amney. Amney a 23 ans. Elle est née dans un camp à la frontière de la Birmanie. Ses parents ont fuit la Birmanie avant la naissance et se sont refugiés en Thaïlande comme énormément de karen. Amney n’a donc pas de nationalité. Comme je vous l’avais dit en Thaïlande, il n’y a pas de droit du sol. La semaine passée, le père est allé au camp avec plusieurs étudiants. Il m’explique que c’est très difficile d’avoir des autorisations. Généralement, il arrive à avoir des autorisations pour Noël et Pâques mais le reste du temps ca prend des mois et des mois et il faut bien sure à chaque fois arroser les autorités. Il m’explique que cette fois, ils sont rentrés illégalement et se sont fait passer pour des habitants du camp. Là, il rencontre Amney, une jeune fille qu’il connait. Amney a passé toute sa vie au camp, tout ce qu’elle connait, elle l’a appris dans des livres ou par des gens. Je ne sais pas si vous pouvez vous imaginer, c’est comme si vous étiez toujours resté au milieu des montagnes, dans un périmètre restreint et qu’on vous avait expliqué la quasi-totalité des choses que vous connaissiez. Par exemple, un feu pour la circulation : c’est une lumière qui régule le trafic. Sauf que voilà vous vous ne savez pas ce que c’est le trafic, des routes bétonnées, des fils électriques, des maisons en dure (dans les camps, c’est interdit de construire des bâtiments en dure du coup toutes maisons sont en bambou)… Et ce pour 99% des choses que vous connaissez. Certains membres de la famille d’Amney ont obtenu la nationalité américaine et sont depuis peu aux Etats Unis. Mais Amney, elle ne veut pas quitter ses montagnes, le reste de sa famille resté au camp, ses racines…Normalement une journée en dehors du quand coûte à chaque habitant 500 baths. Dans le camp, il n’y a pas de travail ou quasiment pas et bien sure les habitants ne peuvent pas sortir pour aller travailler. Au camp, chacun reçoit une ration de riz, d’haricots et quelques condiments…pour la viande, le poisson et le reste il faut les acheter. Mais comment lorsque l’on ne gagne pas d’argent ? Parquer des milliers de gens dans des camps est une catastrophe. Ces gens reçoivent tous les jours le minimum vital, n’ont pas la possibilité de travailler et du coup ne savent plus faire beaucoup de chose mais surtout ce qu’il y a de plus triste ils n’ont plus d’espoir.

    Depuis quelques jours, je donne des cours d’anglais sur les droits de l’homme à quelques étudiants karen de Chiang Mai et ce pendant un mois. Le 1er article de la déclaration des droits de l’homme mentionne : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits », l’article 13 : « Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un Etat. », l’article 15 : « Tout individu a droit à une nationalité ». Vous voyez où je veux en venir ? En discutant avec les étudiants, j’apprends qu’ils ont pris connaissance des droits de l’homme depuis qu’ils sont à la fac. Il me confie que leur parent n’en ont pas conscience, idem pour la quasi-totalité des membres de leur village. Cela ne les choque pas. C’est une évidence. Ils ne trouvent pas cela normal pour autant, mais c’est la vie. Que peuvent-ils faire ? Et c’est là où ca devient vraiment intéressant. Je leur pose donc la question. La plupart d’entre eux veulent devenir instituteur/professeur. Une étudiante me dit qu’elle va enseigner à ses élèves, une fois diplômé comment devenir une personne respectable et leur enseigner à ce moment là ses droits. Pour elle, il faut d’abord devenir quelqu’un de bien pour avoir des droits. Un autre me dit qu’il ira voir le chef de son village et qu’il lui expliquera afin qu’il réunisse tous les habitants du village pour leur en parler.  Le cours se poursuit...Les étudiants s’agitent. Un débat est lancé ! Je jubile ! Le but de mon cours était de les faire réfléchir sur le sujet. En Thaïlande, l’enseignement est particulièrement théorique et répétitif. Les élèves apprennent par exemple des listes infinies de vocabulaire en anglais mais ne savent pas faire de phrase. Revenons-en au débat : « La déclaration des droits de l’homme est elle vraiment pour tout le monde ? » Ils ont bien compris qu’elle était faite pour tous les enfants, femmes, hommes, mais par contre là où ca beugue c’est la notion d’universalité. Des droits de l’homme pour tous les pays du monde ??? Comment ca ??? Mais ce n’est pas possible puisque toutes les lois de tous les pays sont différentes ??? Et puis ils se rendent compte que oui il y a bien des droits de l’homme mais que ce n’est pas appliqué pour tous. J’ai donné des dizaines et dizaines de cours particuliers : anglais, allemand, mathématiques, géographie, histoire…fait du soutient scolaire dans les quartiers nord de Marseille…mais je peux vous assurer que je n’ai jamais ressenti  une telle satisfaction qu’en donnant ce cours auprès de ces étudiants…Je vous avoue que j’avais un peu peur avant de le commencer. J’ai fait une école de commerce, un master en marketing…les cours sur les droits de l’homme ca doit remonté à mes cours d’éducation civique au lycée, avec monsieur Fontaine…Et c’est aussi ca que j’aime ici : tout est possible ! Et puis je ne vous ai pas parlé du clou des cours, la cerise sur le gateau : les « good evening teacher », « thank you teacher », et le magnifique « see you again tomorrow »… !

    Je parle, parle, mais avec tout ca je n’ai pas répondu à l’ultime question : « et tu fais quoi en rentrant ? ». Et si tout simplement, je vous disais qu’aujourd’hui je n’en sais rien ! Ce que je sais c’est qu’il me reste un peu plus de 3 mois à vivre ici et plein de projets ! Evidemment le week-end avec les enfants karen. Et puis, le projet du foyer étudiant pour 10 filles à la Fac en 1ere et 2eme année avance à grand pas. Il nous reste encore à trouver une maison. Si le projet abouti, j’emménagerai avec elle. D’ailleurs si vous souhaitez parrainer une étudiante, n’hésitez pas m’écrire un petit mail, c’est avec grand plaisir que je vous en parlerai.

    A gauche, l'une des futurs etudiante du foyer si le projet abouti :)

    Il reste egalement un petit mois de cours d’anglais pendant les vacances scolaire auprès des étudiants et puis encore plein de visite de village. Ici, j’ai appris à vivre au jour le jour, à prendre le temps. J’ai envie de profiter de ces derniers mois à fond et pour la suite on verra !

      

    CHOK DII KA !!! (Bonne chance)

    CHOK DII KA !!!!!!!!!!!

     

     


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  • Bonjour à tous!

    Je m'étais pourtant promis : des articles plus courts mais plus réguliers! Mais tout simplement je n'y arrive pas. Le temps défile, défile, il court même alors voilà on est déjà mi février et mon article arrive seulement maintenant et je ne suis pas sure de faire mieux pour les prochains. Mea culpa!

    Avant toute chose, je tiens à vous faire part d’un projet qui me tient beaucoup à cœur. Je vous en avais déjà un petit peu parler dans mon article précédant. Je souhaite emmener les enfants karens du centre de Mae na jorn (là où j ai fait mon immersion en septembre) en week-end à Chiang Mai. L’idée est qu’ils passent un week-end inoubliable, de les ouvrir sur d’autres choses et de les motiver quant à leurs études. J’aimerai les emmener au zoo, au cinéma, aux sources d’eau chaude et qu’ils rencontrent des étudiants de Chiang Mai. Pour que ce projet puisse aboutir, je dois récolter 1500 euros. Pour plus d’informations, vous pouvez lire l’article : projet week-end Chiang Mai pour les enfants karens de Mae Na jorn. Si le projet vous intéresse, vous pouvez dès maintenant faire un don en ligne, les dons sont défiscalisés entre 66 et 75% : https://donner.enfantsdumekong.com/a?cid=8. Merci beaucoup !

     Enfants du foyer de Mae na jorn

    Comme je le vous disais un peu plus haut, le temps ici passe à une allure...pourtant en Asie on prend le temps...je sais c'est complètement paradoxal! Vous méritez bien une petite explication. Ici, on prend le temps d'attendre (oui on attend beaucoup : les gens, le bus, les infos...), d'observer, de discuter, de se connaître.... Je ne saurai compter les jours où je prévois de faire pleins de choses et arrivé 18 heures (je vous rappelle ici on se lève tôt, on se couche tôt), c'est la fin de la journée et tout s'accélère encore plus et ca y est la journée et passée. Alors voilà, début février, tous les bambous (je ne présente plus le terme) ont reçu le même mail : "Que pensez-vous d'une seconde année avec Enfants du Mekong ?". Là, mon cœur s'emballe. Je réalise vraiment : ca fait 6 mois que je suis là ! Ca y est, j'ai fait la moitié de ma mission. Je le savais très bien, mais là ca se concrétise, enfin, un peu. Ce n'est pas une question facile. Ai-je envie de mettre mes tongs au placard ou ai je envie de manger du riz encore pendant un an ? Un bilan de mi année s’impose !

    Il y a d'abord tous les moments magiques et inoubliables vécus ici. Je vous en ai déjà rapporté quelques uns et je profite de cet article pour vous raconter mon voyage au bout du monde. Allez au bout du monde, ce n'est pas forcement aller à des milliers de kilomètres de chez soi. Allez au bout du monde, c'est se sentir au bout du monde. Il faut qu'il y ait quand même un petit voyage, un déplacement, même minime mais il faut qu'il existe. Certains peuvent se sentir au bout du monde à quelques kilomètres de chez eux. Mais se sentir au bout du monde ca doit rester un événement rare. On peut être étonné tous les jours de ce que l'on voit mais se sentir au bout du monde c'est différent. C'est un moment exceptionnel, unique! J'ai eu cette agréable sensation deux fois dans ma vie : En Inde, dans le désert à la frontière du Pakistan et ici dans les montagnes thaï. J'étais donc dans les montagnes chez les karens (une minorité ethnique), je m'apprêtais à passer 4 jours au centre avec les enfants, comme d'habitude. Je discute avec le père, lui dit que j'aimerai bien la prochaine fois rencontrer les familles des enfants dans les villages. Ni une ni deux, il m'a pris aux mots. Je pars dans une heure dans un village, Clem (oui ce père m'appelle Clem, je ne sais pas trop pourquoi, mais j’aime bien, ca me rappelle un peu la France) « Bpei mai ? » (tu viens) Moi : "Bpei, bpei". On remplit la voiture de tout un tas de trucs : couvertures polaires (je vous rappelle, l hiver la nuit dans les montagnes ca caille), des pulls, des ours en peluches, casseroles, assiettes, kanoms (du thaï snacks)...on embarque : le père, le catéchiste à l'avant, 3 sœurs et moi à l'arrière, le frère et le prof dans la cabine pick up (apparemment c’est le nom pour l’arrière d’un pick up). Le père me dit :"tu verras c'est un village très loin". Je réagis à peine, ici la notion de distance n'est pas vraiment la même que chez nous. Très loin ca ne veut pas forcement dire très loin, parfois c’est simplement quelques kilomètres. HONTE A MOI! Ici il ne faut pas avoir des idées toutes faites. Je le sais pourtant, mais c'est plus fort que moi. Cette fois, « très loin », ca voulait quand même dire 4-5 heures de route dans un pick up blindé dont 2-3 heures de piste de montagne avec la musique à fond! Ce dernier point est d'ailleurs important. Nous avons d'abord eu le droit à 3 heures de musique thaï, genre pop/dance/karaoké, un classique.  Puis une petite surprise, un final : BRITNEY SPEARS! Alors la première chanson, j'avoue j'étais contente, parce que même si ca reste Britney ca change. Mais, là, on s'est tapé quand même tout le CD. Alors imaginez vous : un pick up blindé, des pistes de montagnes et Britney à fond les ballons! Le pire dans tout ca c'est qu'il a du mettre ca pour me faire plaisir. On part, bien sure au bout de 40 minutes on s’arrête. Quand on part en voyage en Thaïlande, on s’arrête tout le temps, la plupart du temps pour manger ou boire quelque chose. On mange bien sure, on fait une séance photo, puis on repart. Au bout d’à peine deux heures, on s’arrête à nouveau : c’est l’heure du snack, quoi de plus naturel! J’ai le droit à une sorte d’oasis orange en beaucoup plus sucré, je vous rassure. Puis quelques heures de route…et on arrive ! Le spectacle est magique. Le village se trouve sur le sommet d’une montagne. La lumière est exceptionnelle, le soleil se couche doucement. Le temps semble s’être arrêté. C’est apaisant, calme. Je vous laisse admirer le paysage.

    Tongs au placard ou une anné de riz supplementaire ? That's the question!

    Pendant la saison des pluies le village est d’ailleurs presque que complètement isolé puisque seulement les motos peuvent passer et encore je me demande comment. J’ai oublié de vous préciser, ce village est le village de plusieurs enfants du centre dont deux filleuls parrainés par Enfants du Mekong. Il n’y a pas l’électricité. Les maisons, en bois, sont assez jolies (ce qui est beaucoup mieux pour l’isolation que le bambou entre nous). Des porcs se baladent en liberté, des poules, des chiens aussi mais bon ca s’est un classique. Avoir des porcs c’est pas mal, ca veut dire qu’ils mangent de la « bonne » viande. Le village est petit, il n’y a pas de commerce, pas d’école, mais des femmes, des hommes, des enfants se baladent, discutent, rentrent des champs, prépare le riz, jouent… nous observent, m’observent. Ils sont beaux. De mon côté je ne sais pas vraiment ce que l’on va faire (mis à part rencontrer les familles des filleuls bien sur), mais je profite du moment. Je regarde, j’observe, j’immortalise ce moment. Je ne vais d’ailleurs pas être déçue. Nous sommes en fait là pour la veillée de Noël ! Oui nous sommes le 9 janvier et on va fêter Noël. En fait comme il y a beaucoup de village, le père n’avait pas eu le temps d’y célébrer la messe. Le village est moitié catholique, moitié bouddhiste. Ici comme je vous l’ai dit la religion a une importance tout autre qu’en France, alors on s’adapte. Les festivités commencent par une grande Loterie de Noël. Tout le monde a bien entendu le droit de participer : catholiques comme bouddhistes. Le principe est simple : tu achètes un ticket 10 baths (environ 25 cents) et tu reçois un numéro. Chaque numéro correspond à un lot plus ou moins gros : ca va de la polaire au sachet de kanoms. Encore une fois c’est magique, tellement drôle. Tous les habitants sont complètement à block ! Excitation générale ! On sourit, on rit, on s’agite, on court dans tous les sens. Mais il faut bien revenir à la réalité : toute bonne chose a une fin et il y a un moment où il n’y a plus de lot !

    Loterie de Noël en janvier!Au bout du monde!

    Je vous avais dit que les gens étaient beaux.

    Place à la suite, que va-t-on bien pouvoir faire ? hé, hé…ne me dites pas que vous n’avez d’idée…faites un effort…GIN KAO (manger du riz) of course! Et comme le père ne vient pas très souvent et bien il faut manger dans toutes les maisons du village où l’on est invité : ce soir ca sera 5 ou 6 fois et demain pour le petit déjeuner, une petite dizaine de fois. Tu dois manger au moins un peu dans chaque maison, ou au moins faire semblant, ca va de soit !

    GIN KAO

    La soirée se poursuit par la messe de Noël, puis on va se coucher. Bien évidemment, ils ne m’avaient pas vraiment prévenu qu’on restait dormir. J’avais quand même senti un peu le coup donc j’avais pris deux trois trucs. Mais bien sure, la nuit dans les maisons en bois, dans les montagnes : CA CAILLE ! Donc bref, je n’ai pas vraiment dormi, en fait j’avais l’impression d’être en Mongolie sous la tente il y a deux ans…souvenirs, souvenirs….Passons, le lendemain, on mange bien sure, puis petite messe (comme le père ne vient pas souvent, il faut rentabiliser le voyageJ) et hop hop on est reparti pour 4-5 heures de route. Cette fois pas de Britney, tout le monde est bien fatigué ! De retour au centre, il doit être 3-4 heures de l’après midi, les enfants sont encore à l’école. J’ai le droit à un petit gouter, façon française : toast-confiture ! Et à ma grande surprise, le père arrive avec un grand sourire, les bras chargé d’un petit cubi de vin rouge, appellation française, s’il vous plaît ! »D’où il sort ca ??? ». « Clem, celm, frensh wine ! »Bon alors le vin n’est plus très rouge mais plutôt gris-marron. Il a plus un goût de vinaigre que de vin. Mais je peux vous dire que je ne peux m’empêcher d’avoir un sourire figé pendant un temps, en fait une bonne dizaine de minutes je pense! Et puis comme en Asie, on profite de l’instant présent, de ce que l’on a maintenant et non pas de ce que l’on va avoir et bien j’ai eu le droit à du vin rouge pendant tout mon séjour (accompagné d’un petit shot d’alcool de riz of course). Je vous rassure, je suis partie deux jours après mais je dois vous avouer qu’on était bien en forme !

    Il y aussi les petits moments tout simple mais inattendu alors ca les rend vraiment sympa. Je suis en train de faire un film avec les étudiants de Chiang Mai. Le but étant de diffuser le film dans les villages, de montrer aux enfants pourquoi c’est important d’étudier, quel est la vie d’un étudiant, que font ils avec l’argent d’EDM et pourquoi c’est important d’écrire à son parrain. Alors voilà cet après midi, j’avais rendez vous chez Dusadee pour l’interviewer. Déjà c’était très drôle parce qu’elle avait préparé toutes les réponses. En plus elle se prêtait complètement au jeu,  la nouvelle Sandrine Quetier thaï est née, je vous le dit ! Le tout dans une ambiance de folie : sa colocataire et deux de ses copines étaient là. Puis elle me dit : « tu viens avec nous au marché ? » Et là, c’était super drôle : déjà j’ai découvert un nouveau marché super cool à Chiang Mai grâce à elle et puis j’avais le droit à toutes les explications. Là tu vois par exemple il y a pleins de savons, la c’est les crèmes…J’ai même eu le droit à un petit cadeau : un sachet de gras de porc séché ! Bref, un après midi tout simple mais canon !

    Dudsadee et ses potes!

    La Thaïlande c’est aussi le pays des bonnes blagues ! Vers le triangle d’or, ils sont spécialistes dans la matière. La plus commune est la suivante : imaginer une table, du riz, deux trois plats pour accompagner le riz, au milieu de ceux-ci un plat hyper épicé. Et là on vous montre le plat en question. « Celui là, il est super bon, promis il n’est pas épicé, tu dois gouter ». Vous savez parfaitement que le plat va « vous arracher la gueule » (pardonnez moi l’expression, mais c’est la plus représentative !). Là, tout le monde vous regarde, insiste : « may pet, may pet (pas épicé, pas épicé ». Bon en gros, vous êtes obligé de goûter le plat en question. Vous en prenez et la bien sûr : AHHHHHHHHHHHHHHHHH ! « any pet, pet mac mac ! » (celui là est épicé, très très épicé). Fou rire général! VOUS TROUVEZ CA MARRANT ? Ce qu’il y a d’encore plus drôle c’est de répéter la blague ! Mais on ne vous a pas dit quand vous étiez petit : LES BLAGUES LES PLUS COURTES SONT LES MEILLEURS !

    Wilay : la blagueuse à ma gauche!

    Il y a aussi la blague du chien ! Très marrante celle là !  Beaucoup de minorités ethniques mangent du chien, les Hmongs notamment, les thaï pas trop. J’étais toujours vers le triangle d’or (je vous avais dit qu’ils étaient comiques dans cette région), mais dans un autre centre, un centre où il y a pas mal de Hmong. On discute avec les enfants et Willay (Willay c’est une fille d’une vingtaine d’année qui a passé toute son enfance au centre et qui a demandé au père d’y rester pour y travailler. Elle est top, enfin…). Bref on parle de manger du chien ou non, un grand classique. Là elle m’embraque : « Game, bpei, bpei… » Je la suis. Elle me donne de la viande à manger. Dans ma tête je me dis, elle apprend à cuisiner, donc c’est juste de la viande. On vient de parler du chien donc ca ne peut pas être ca, ca serai trop gros quand même…NAÏVE QUE JE SUIS ! Je goute, ce n’est pas très tendre, un peu bizarre, pas horrible non plus…Bref vous l’aurez compris : C’est du chien ! Je recrache, éclat de rire. Un classique ! Sauf qu’au repas du soir, une heure après (je tiens à le préciser), j’ai eu la même blague, bon ca va j’ai joué une fois, ca va peut être aller là, non ? Je ne remangerai pas de votre chien ! En soit ca m’est un peu égal de manger du chien. C’est juste que ce n’est pas bon. Je sais pour vous c’est la meilleur viande au monde. Mais franchement ce n’est pas tendre du tout et puis s’il y a d’autres choses à manger je préfère éviter la bête.   Mais, quand on a une bonne blague on la fait durer. Et le lendemain soir : le même chien sur la table. Le père s’y met à nouveau. « Mange, allez mange. Ce n’est pas du chien, c’est juste de la viande ! » Mais il ne le dit pas une fois mais genre allez 4-5 fois, l’air de rien…Je vous le répète une bonne blague quand on la tient… Bon en même temps, il fût un temps où ma meilleur blague était de sonner à toutes les sonnettes en sortant de l’école tous les soirs et de partir en courant : les mêmes portes…tous les soirs de la semaine ! Je vous rassure c’était il y a quand même plusieurs années.

    Il y a un autre truc qui va me manquer ici. Vous avez remarquez que souvent  les trucs qui agacent le plus sur le moment à un endroit sont aussi les choses que l’on est amené à regretter. En France quand on rencontre quelqu’un, en chemin on lui dit d’abord « bonjour » puis on lui lance un « ca va ?». Ici c’est différent ! On garde le « Bonjour »-« Sawadika » on ajoute le wai. Le wai, nous n’avons pas vraiment d’équivalent. En gros tu joins les deux mains, suivant la personne à qui tu t’adresse tu les mets plus ou moins haut. Pour simplifier tu les mets entre le menton et le haut du nez. On s’en sert pour dire « bonjour » mais également pour remercier, dire au revoir… C’est une marque de respect, politesse. Puis vient, le  « BPEI NAY ? » / « Ou vas-tu ? ». Alors dès que je sors de la mission catho. J’ai le droit à un « BPEI NAY ???? » et ce même si je vais de ma chambre à un autre bâtiment. Franchement il y a des jours ou juste tu as envie de partir, de faire un truc sans en informer la planète ! Mais là où les Thaïs sont malins c’est qu’il y a une petite réponse très pratique, toute faite : »bpei tiao », en gros je vais quelque part !

    Il y a aussi tous les petites choses marrantes. Les petites choses marrantes, ça enveloppent beaucoup de choses ! Tu te balades  dans la rue et là ha bas tiens une fille avec un bonnet en forme de tigre. Là, à la gare, un type avec des chaussons avec une tête de lion. Là, un camion avec dessus une grosse maison en bambou et une dizaine de mecs tout sourire…Ou encore lorsque je rentre de programme dans les villages. Je suis dans le bus, crevée (les visites c’est assez intense), j’écoute ma musique tranquillou (pour notamment étouffer les bruits du karaoké) et là il y a un homme, la cinquantaine qui n’a qu’une envie, parler avec la « farang » (l’occidentale) du bus. Bon je suis quand même polie, je parle avec lui 10-20 minutes…je comprends un mot sur 4, bien sure…Et puis il y a un moment où je me dis que c’est bon j’ai été suffisamment polie et je peux réécouter ma musique tranquille. Lui en a décidé autrement. Alors  toutes 5 minutes, j’ai le droit à un petit coup de coude: là, il veut apprendre à compter en anglais, cinq minutes plus tard il m’offre un chewing-gum, cinq minutes d’après il me demande une petite dizaine de fois si je travaille bien pour une « NGO », puis si je veux boire un peu de sa boisson…Ce qui en soit est super gentil, mais il y a juste des moments où STOPPPPPPPPPPP ! J’EN PEU PLUS ! Ou encore dans un village, un petit garçon qui a attrapé un oiseau, a fait un trou sur son aile et l’a attaché à une ficelle. Il le fait tourner dans tous les sens, l’oiseau n’en peu plus, il le mord, il est d’ailleurs à moitié mort…il est tard, on s’est levé très tôt alors je suis désolée pour les défenseurs des animaux mais d’abord dans les villages les enfants n’ont pas vraiment de jouet et moi ca me rire, beaucoup rire en fait… puis tout le monde se met à rire et là c’est un fou rire générale ! J’ai bien sure de la peine pour cette pauvre bête, mais en même temps la situation est tellement burlesque, que bas voilà ca me fait rire ! J'allais oublier les cours d'anglais improvisés. Alors tu viens d'arriver dans un centre, dans une école. On te demande si tu parles anglais. tu réponds oui et alors là tu n'as pas le temps de refelechir que la seconde d'après tu te retrouves devant 40 élèves a devoir faire un cours d'anglais improvisé!

    English class!

    Et puis bien sure, je n’en ai pas parlé avant parce que c’est une évidence, la chose la plus importante : les gens. Les enfants, les responsables de programmes vont plus que me manquer ! Les sourires des enfants, des étudiants de Chiang Mai, leur joie de vivre... Leur force qui me fascine tant !  Mais ca je ne préfère pas y penser maintenant parce qu’il me reste encore 6 mois pour en profiter ! C’est l’avantage des bilans de mi d’année J

     Petite fille de l'école de Lak Taeng

    Enfants du foyer de Mae Aep!

    Mais refaire une année ca veut aussi dire se donner à fond, une année de plus. Est-ce que j’en suis capable ? On nous l’avait prévenu : « ta mission, c’est ta vie ». Et finalement, tout tourne autour de ma mission…c’est parfois pas évident de faire une vraie coupure. On se fait des week-ends de temps en temps, bien sure. Début février, par exemple on était à Ko Samet (une ile pas très loin de Bangkok) avec d’autres volontaires. Mais finalement, entre volontaires, on parle EDM (Enfants du Mékong), mission, Cambodge, Thaïlande, Vietnam…Et puis il faut aussi être capable d’avoir envie une année de plus d’ouvrir un petit peu plus ses yeux…Est-ce que j’en ai envie ? Parce qu’on se croit fort, on écoute les histoires des filleuls très souvent dramatiques, on veut toujours en savoir un peu plus, comprendre…Mais finalement j’arrive toujours à la même conclusion. Ici, comme je vous l’ai souvent dit je me rends compte de la chance infinie que j’ai. Du coup forcement je relativise beaucoup plus et ca simplifie beaucoup la vie. Mais d’un autre côté, je me demande vraiment comment de telles horreurs sont possibles, comment de telles situations sont aujourd’hui existe-t-elles ? Pourquoi certaines personnes ont autant de chance (comme moi) et d’autres moins ? Ne pourrait-on pas un peu rééquilibrer les choses ? Je sais que toutes mes questions sont assez banales, mais en même temps, prend-on vraiment le temps d’y réfléchir ? Et quand on a ouvert un petit peu ses yeux, peut on les refermer ? Que doit-on faire ? A-t-on vraiment envie de les garder ouvert ?

    Je rentre par exemple du camp de refugié ouvert Shane (je vous en avais déjà parlé, cf. article apatride 8 lettres qui en disent long). J’ai rencontré la famille de Parnaung. Ils vivent dans une petite maison en bois à coté du camp. Dans cette famille, personne n’a la nationalité thaïe. Je ne vous réexplique pas les problèmes des refugiés sans nationalité en Thaïlande.  Le père est en bonne santé, la mère est morte. Dans cette famille, il y a 4 enfants : 3 garçons et 1 fille. Le père est travailleur journalier. En gros, il gagne 4 euros par jours et travaille 5 à 15 jours par moi, un peu plus les bons moi.  La fille est mariée, ils n’ont plus vraiment de nouvelle. L’ainé de la famille travaillait à Bangkok dans le bâtiment. Sauf que voilà, il a eu un accident. Il est paralysé. Il a du rentrer dans sa famille et est obligé, à 32 ans de passer toutes ses journée sur sont lit a attendre que le temps passe…Apparemment, son chef a été plutôt correct avec lui . Il a financé les frais d’hôpital et lui a offert un peu d’argent. Le second fils, a 18 ans et étudiait au collège. Mais c’est maintenant fini pour lui. Il doit faire vivre sa famille et s’occuper de son grand frère paralysé. Autant vous dire qu’il est obligé de faire un petit boulot où il est forcement exploité car pas de nationalité, aucune qualification et en plus il est obligé de rentrer à 3 heures tous les jours pour  aider son grand frère paralysé. Il reste Parnaung. Aujourd’hui, il a 15 ans. Il étudie en Mo1 (notre 5eme). Lorsque je lui demande s’il est motivé pour continuer ses étudie. Il me répond que oui, au moins jusqu’en Mo3 (3eme), mais qu’après il ne peut pas dire. Sa famille est pauvre et peut être qu’il sera obligé de travailler, donc il ne peut pas se prononcer. En partant, Parnaung me rappelle, il me présente son cousin. Il vit ici car il n’a nulle part ou aller. Lui aussi travaillait dans le bâtiment, il a eu un accident et ne peut plus se servir de l’une de ses jambes (je ne sais plus si c’est la gauche ou la droite). Je suis triste pour cette famille mais aussi un petit peu en colère. J’ai envie de secouer le père de lui dire de laisser ses deux fils à l’école et de s’occuper de son fils paralysé. Mais je suis qui pour penser ça ? C’est facile pour moi, d’arriver comme ça mais je ne connais rien de l’histoire de cet homme.

    Adolescants de l'école de Lak Taeng

    Il y a aussi cette famille shane de cinq enfants. Ils n’ont pas la nationalité thaïe, ils sont très pauvres. Les parents sont alcooliques et tout leur argent passe dans la boisson. Ils sont travailleurs journalier, donc quand ils travaillent ils gagnent 150 baths par jour (4 euros). Parfois, les enfants travaillaient dans les rizières, ils mettaient l’argent dans une boite. Les parents ont volé l’argent et l’ont dépensé dans l’alcool. Les deux ainés en ont eu marre, ils sont partis et se sont engagés dans la SSA (shane state army). La SSA se bat pour l’indépendance de l’état shane contre l’armée birmane. Je ne vais pas vous faire un dessin, mais comme vous pouvez vous en douter, c’est loin d’être fun. Le troisième était scolarisé, lui aussi en a eu marre, il est parti. On ne sait pas où il est. Il reste les deux plus jeunes. Ils sont à l’école pour le moment. Ils ont un repas offert par l’école le midi, pour les autres repas rien est moins sure. Encore une fois, on ne peut pas juger. Je ne sais pas ce que ces gens ont vécu.

    Et puis il y a d’autres événements. Certainement moins grave, mais tout de même très déroutant. Sukanon par exemple. Je vous en avais parlé, il devait partir un an en Israël en échange. Sauf que voilà, il avait oublié l’examen médical. Sukanon après la visite médicale a été recalé du programme. Il ne part plus. Quand j’ai voulu aller en Thaïlande, j’ai bien sure eu une petite visite médicale. Mais finalement c’était plus une formalité qu’autres choses. Et forcement ca fait réfléchir…Il y a aussi, cet adolescent, il était avec des copains et il a volé quelques poissons  provenant d’un étang d’un villageois. Il s’est fait prendre. Sa mère était furieuse. Elle l’a retiré de l’école et il est maintenant Monk (moine bouddhiste). Vous me direz que ce n’est si grave (pour info. on peut être Monk juste un temps donné). Sauf que voilà, il est Shane et n’a pas la nationalité thaï. S’il était resté à l’école, il aurait eu beaucoup de chance d’avoir un permis de séjour pour 10 ans en Thaïlande sur le district de Chiang Mai. Maintenant, ca risque d’être compliqué. Et puis, j’ai réfléchis, moi quand j’étais ado. J’ai volé des bonbons et du maquillage au monoprix…Tin tin tin : REVELATION ! Certes je ne me suis pas fait prendre, mais même si ca avait été le cas, la punition n’aurait pas été aussi radicale. Du coup forcement, ces petits événements font réfléchir.

    Et puis vivre un an de volontariat avec Enfants du Mekong, c’est vivre une année magique, extraordinaire, mais c’est aussi vivre une année loin de ses proches. Alors plus le temps passe, plus il se peut qu’il y ait un petit décalage qui se créé. Et puis surtout vous me manquez ! Vous me manquez même beaucoup ! Bref, je ne sais pas vraiment comment les choses vont se dérouler pour moi l’année prochaine, ni où je serai et ce que je ferai. Mais comme les choses sont bien faites j’ai encore plus 6 mois pour y réfléchir. En tous cas pour le moment, le retour est prévu pour mi septembre !  En attendant il me reste pleins de choses à vivre et notamment des petites vacances bien sympathiques avec très prochainement la visite d’Ykram mi mars et Math fin mars ! Bref je sens que ces 3 prochains mois vont passer à une allure folle !

    Un avant goût de vacances pour les futurs visiteurs!

    Juste avant de vous laisser, je voudrai tous vous remercier : pour vos dons car sans vous tout ce cela ne serai pas possible, pour tous vos messages d’encouragement et aussi  parce que vous êtes vous ! Alors un énorme MERCI ! Je vous assure que tous vos petits mails, cartes, lettres, colis me font un bien fou et m’apporte beaucoup plus que vous ne pouvez l’imaginer ! Et merci pour tous vos mots gentils sur le blog, c’est super motivant et ca me touche beaucoup !

     

    Allez, TSCHÜSSSSSSSSSS !


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